ZOOM...sur L'YONNE POLITIQUE

De la porte de l'Ile de France au Morvan, une terre de contrastes...

ZOOM

Villeneuve sur Yonne

Auxerre

Sens

En provenance de l’Ile de France, le département de l’Yonne est indéniablement la Porte de la Bourgogne, comme l’indique le Château d’eau de Villeneuve la Guyard, la commune la plus septentrionale de ce vaste territoire de 7 400 km2 (le 12ème de France pour la superficie) qui s’étend sur plus de 170 kms du nord au sud, du Gâtinais aux portes du Morvan.

Intégré à la région Bourgogne-Franche Comté (Capitale : Dijon), l’Yonne est un département peu peuplé, comptant près de 335 000 habitants (70ème de France en population), avec une densité très inférieure à la moyenne nationale (45 hab/km2 contre 106). Le nord de l’Yonne, « le Sénonais » limitrophe de la Seine et Marne et plus proche de Paris que de Dijon, facilement accessible par la traversée de deux autoroutes sur son territoire (l’A6 et l’A19) continue à attirer de nouveaux habitants et la bonne desserte ferroviaire entre Sens et Paris (des trains directs permettent de gagner la Capitale en 1heure).

En 1968, lors de la réforme de la Région parisienne et la création de nouveaux départements, il a été un moment question de rattacher cet arrondissement à l’Ile de France mais le projet a finalement avorté, restant alors dans le périmètre de la Région Bourgogne (avec la Côte-d’Or, la Nièvre et la Saône et Loire). Le chef-lieu, Auxerre avec ses 35 000 habitants reste la plus grande ville, devançant sa sous-préfecture Sens avec 27 000 habitants ainsi qu’Avallon ne dépassant pas les 6 500 habitants. Le Centre et le sud de l’Yonne voient leur population stagner voire régresser, c’est le cas de villes comme Joigny (moins de 10 000 habitants) ainsi que Tonnerre et Saint-Florentin.

Economiquement, L'Yonne se distingue par une part industrielle supérieure à la moyenne nationale, notamment dans les secteurs de la métallurgie, de la réparation et de la maintenance. Cette orientation rend l'économie locale sensible aux fluctuations conjoncturelles. C’est vrai, le secteur primaire reste important car le département maintient une activité agricole notable, représentant environ 10 % des établissements actifs, ce qui est supérieur à la moyenne nationale.

Cependant le secteur tertiaire, celui des services bien que présents, sont moins développés que dans d'autres régions, en raison de la proximité de l'Île-de-France qui attire une partie des activités tertiaires. D’après la CCI de l’Yonne, le département a enregistré 3 600 créations d’entreprises en 2022 dont 2820 sous forme d’entreprises individuelles. On constate une prédominance des petites structures (comprenez moins de 10 salariés)

L’Yonne compte ainsi plus de 120 000 emplois avec une part de 85 % d’emplois salariés. A noter que le taux de chômage des 15-64 ans était de 12 %, soit légèrement supérieur à la moyenne nationale. Dans ce vaste département, des disparités régionales sont flagrantes : tandis que nord du département peut s’enorgueillir d’une certaine dynamique économique, le Sud, plus rural présente des défis en matière de développement. On constate que la population active de l’Yonne présente un niveau de formation inférieur à la moyenne régionale, constituant de facto un frein à l’adaptation aux évolutions économiques….

                                                                                                      LA VIE POLITIQUE DANS L'YONNE

Depuis 1958, ce département avait toujours eu l’habitude de voter majoritairement à Droite et au Centre, ce qui est toujours le cas au niveau départemental, mais un peu plus nuancé au niveau des législatives, avec l’élection d’un député PS dans la 3ème circonscription (Avallon-Tonnerre) en 1981 et 1997 et dans la 3ème (Sens-Joigny) en 1981. Jusqu’à la fin des années 60, c’est le parti Gaulliste qui est majoritaire avant d’être mis en concurrence par le Centre Droit, incarné par les Républicains indépendants.

Depuis le début de la Cinquième République, le Conseil Général puis Départemental a toujours été à Droite et au Centre. Actuellement présidé par Grégory Dorte (Conseiller général de Pont sur Yonne), seuls 6 conseillers de Gauche ont été élu lors des dernières élections de 2021. En outre, le Département a toujours élu des Sénateurs de Droite et du Centre depuis le début de la Vème République. Actuellement, c’est donc Jean-Baptiste Lemoyne et sa collègue Dominique Verrien

                                                                            LA GAUCHE MINORITAIRE DANS UN DEPARTEMENT CONSERVATEUR

La Gauche n’a jamais vraiment réussi à percer sous la Vème République, mis à part lors de l’arrivée de la Gauche au pouvoir en 1981 ainsi qu’en 1997 en élisant des députés socialistes. Néanmoins, le Communiste Jean Cordillot, qui fut député de l’Yonne de 1956 à 1958, sera Conseiller général d’un des cantons de Sens pendant 25 ans et s’empare de la ville sous-préfecture le temps d’un mandat entre 1995 à 2001. Le Radical de Gauche Daniel Paris remporte la mairie en 2008 mais démissionne en 2013, en indélicatesse avec sa propre majorité municipale.

Migennes, ville cheminote importante va élire par intermittence des maires PCF entre 1977 et 2014 tout comme sa voisine Cheny. Guy Ferez (PS) s’empare de la mairie d’Auxerre en 2001 jusqu’à sa défaite en 2020 détenue pendant 27 ans par Jean-Pierre Soisson, tandis que Joigny bascule à gauche en 2008 après 31 ans de mandat du député-maire RPR Philippe Auberger.

A Tonnerre, Henri Nallet s’empare de la ville en 1989 après avoir été élu député en 1986 et depuis cette date, la ville élit par intermittence des maires issus de la gauche à l’instar de la sous-préfecture de l’arrondissement, Avallon qui va connaitre des maires de Gauche par alternance, actuellement la ville est gérée par Jamilah Habsaoui, ancienne adjointe du maire PS Jean-Yves Caullet et qui lui a succédé en 2021(démission).. Elle s’est retrouvée à la Une de l’actualité en étant inculpée puis incarcérée pour complicité de trafic de stupéfiants (impliquant des membres de sa propre famille) puis libérée mais l’affaire judiciaire est toujours en cours.

                                                                                          L'ESSOR DU RASSEMBLEMENT NATIONAL

Depuis le début des années 2010, le Parti dirigé par Marine Le Pen ne cesse de progresser comme dans beaucoup d’autres départements ruraux, qui connaissent un déclin des activités agricoles et une lente désindustrialisation. Le taux de chômage relativement élevé et un sentiment d’abandon de l’Etat favorise le vote protestataire.

Un électorat vieillissant et populaire porte de plus en plus ses suffrages vers le Parti Le Peniste, constitué souvent d’ouvriers et d’employés qui votaient naguère à gauche et même à droite mais qui a fini par porter une défiance envers les partis traditionnels, liés au discrédit du Parti Socialiste et des Républicains. L’arrivée de nouveaux élus jeunes, à l’instar d’un Julien Odoul qui arpente inlassablement leur territoire a fini par faire oublier les notables locaux d’antan.

Bien que l’émigration soit bien inférieure à la moyenne nationale (à l’exception des trois principales villes du département : Auxerre, Sens et Joigny et de Saint-Florentin), la question est souvent exploitée par le RN pour attirer les électeurs inquiets. La peur d’un déclassement et d’un changement culturel alimente le vote pour l’Extrême-Droite.

On constate ainsi un ancrage progressif, en témoignent les scores élevés aux élections locales et nationales qui indiquent une implantation durable.

Malgré ses indéniables succès, le RN ne parvient pas à conquérir les villes : Auxerre et Sens votent LR, Migennes,, St Florentin votent pour la Droite traditionnelle, tandis que Joigny, Tonnerre et Avallon penchent à Gauche. Il faut également nuancer ses performances aux élections législatives : en 2024, il remporte trois sièges :

- La 1ère circonscription (Auxerre), déjà conquise en 2022 par Daniel Grenon qui avait alors balayé dès le premier tour le sortant Guillaume Larrivée puis battant sa rivale de la Nupes au Second, mettant fin à 54 ans de suprématie du Centre-Droit incarnée par la très longue « ère Soisson » !..Accusé d’avoir tenu des propos racistes, il est condamné par la justice et surtout exclu du RN par Jordan Bardella. Il siège depuis dans le groupe des Non-Inscrits.

- La 2ème circonscription (Avallon-Tonnerre)  est conquise de justesse par l’ancienne Avocate Sophie Laurence Roy, une candidate « Ciottistes » (ex-LR alliés au RN) qui bat à la surprise générale, l’ancien Président du Département et Député sortant André Villiers. Mais elle rejoint le Groupe Rassemblement National.

- La 3ème circonscription (Sens-Joigny)  a vu la réélection dès le 1er tour de Julien Odoul avec plus de 50.5 % des suffrages. Si le jeune espoir du RN enregistre un indéniable succès électoral, il n’avait cependant pas réussi à conquérir la Mairie de Sens. Auparavant, la circonscription fut tenue par les Gaullistes entre 1958 et 2017, à l’exception de 1981ou le candidat socialiste l’emporta. En 2017, c’est la Macroniste Michèle Crouzet qui emporte la circonscription avant d’être battu par Julien Odoul, cinq ans plus tard

                                                                                                    YONNE : TERRE DE MINISTRES

Plusieurs de ces élus, notables locaux bien implantés sont même devenus ministres, ce fut le cas de Jean Chamant dont la carrière politique s’étend sur cinq décennies.

Né en 1913 en Saône et Loire, cet avocat est élu Député de la 2ème circonscription de l’Yonne (Avallon) entre 1946 et 1977 puis rejoindra le Palais du Luxembourg jusqu’en 1995. Il est décédé à Paris en 2010, à l’âge de 97 ans. Il participera à plusieurs gouvernements, d’abord sous la IVème République (Gouvernement Faure) comme Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères mais surtout sous la Vème République entre 1967 et 1972 (Gouvernement Pompidou, Couve de Murville et Chaban Delmas) comme Ministre des Transports.

Président du Conseil Général de l’Yonne entre 1970 et 1992, élu dans le canton morvandiau de Quarré les Tombes, il sera également maire d’Avallon et Président du nouveau Conseil Régional de Bourgogne en 1974. Membre du Centre National et des Indépendants (CNIP) , il rejoint les Républicains Indépendants en même temps de Valéry Giscard d’Estaing en 1966.

En 1968, un jeune Enarque de 34 ans, Maître des Requêtes au Conseil d’Etat est élu Député de la 1ère circonscription de l’Yonne et le restera jusqu’en 2012. Natif d’Auxerre, Jean-Pierre Soisson appartient à la même famille politique que Jean Chamant : les Républicains Indépendants. En 1971, lors des élections municipales, il s’empare de la Ville-Préfecture qu’il dirigera jusqu’en 1998, avant de démissionner pour cause de cumul des mandats..

En 1974, ce proche de Valéry Giscard d’Estaing qui vient de remporter l’élection présidentielle face à François Mitterrand, devient Secrétaire d’Etat aux Universités, puis ministre de la Jeunesse et des Sports. En 1975, il avait reçu le chef de l’Etat à Auxerre. Il sera l’un des fondateurs du Parti Républicain qui remplace alors les Républicains Indépendants en 1977 qui deviendra une des composantes de la future UDF (Union pour la Démocratie Française), machine de guerre électorale du Giscardisme mise en place pour les élections législatives de 1978 qui va allier toutes les forces du Centre-Droit et contrer l’expansion du RPR de Jacques Chirac, créé en novembre 1976, qui constitue l’autre « pilier » de la Majorité de l’époque…

En 1981, Jean Pierre Soisson sauve son siège malgré le « raz de marée » Socialiste, faisant suite à l’élection de François Mitterrand. Les deux autres circonscriptions (2ème et 3ème) ont élu des candidats socialistes. L’UDF se classe dans l’Opposition et prépare « l’après-giscardisme ».

En 1988, la cure d’opposition ne sied plus au Maire d’Auxerre qui devient un Ministre « d’ouverture » du Gouvernement Rocard. En effet, plusieurs « Centristes » ont franchi le Rubicon : Jean-Marie Rausch, maire de Metz et plusieurs anciens ministres giscardiens : outre Soisson, Olivier Stirn, Lionel Stoléru ou encore Michel Durafour.

Très mal vu par ses désormais ex-alliés RPR UDF, il n’est pas forcément bien accueilli par l’aide Gauche du PS, dont Henri Emmanuelli qui n’hésite pas à tacler ce « naze de Soisson ».

En 1992, il est sujet à de violentes polémiques lors des élections régionales de Bourgogne où il est élu au 3ème tour Président mais grâce aux voix de la Majorité Plurielle de Gauche, des 3 membres de son Mouvement des Réformateurs mais également de quelques voix du FN battant ainsi le bloc RPR UDF.

En 1998, le même Soisson est de nouveau sujet à de nouvelles violentes polémiques mais est cette fois réélu grâce aux voix du RPR et de l’UDF et de plusieurs voix FN qui affichent clairement leur soutien à l’ancien Ministre.

Il sera finalement battu en 2004 cette fois-ci sans contestation par liste Union des Gauches de François Patriat (le Sénateur de la Côte d’Or s’est rallié par la suite à Emmanuel Macron et préside toujours le Groupe Renaissance au Sénat).

Progressivement, Jean-Pierre Soisson retrouve son ancienne famille politique, devenu l’UMP et reste donc Député jusqu’en 2012 où il est remplacé par son suppléant Guillaume Larrivé…

Henri Nallet est élu Député de l’Yonne lors des élections législatives de 1986 qui se dérouleront à la Proportionnelle puis Maire de Tonnerre de 1989 à 1998.

Le futur ministre de l’Agriculture et Garde des Sceaux. Pourtant ce natif de Bergerac (Dordogne) n’avait aucune attache dans l’Yonne et visait plutôt de se présenter dans le département de la Manche, d’où était originaire son épouse mais Pierre Joxe, alors très influent en Bourgogne, lui conseille de se présenter dans l’Yonne

Ce spécialiste des questions agricoles, qui fut même le conseiller de Michel Debatisse, au sein de la FNSEA va donc effectuer ses seuls mandats électifs dans l’Yonne.

Henri de Raincourt a été plusieurs fois ministre sous la présidence Sarkozy et le gouvernement Fillion : occupant le portefeuille des relations avec le Parlement puis chargé de la Coopération.

Né en 1948, cet ingénieur agronome et agriculteur est le fils d’un ancien sénateur de l’Yonne, Philippe de Raincourt qui disparait dans un accident de voiture alors qu’il n’a que dix ans. Maire de St Valérien, Président du Conseil général de 1992 à 2008, il est élu dans le canton de Chéroy, où il succède à son beau-père, le notaire Jacques Piot qui fut également Député de la 3ème circonscription de l’Yonne. Lui sera longtemps Sénateur de l’Yonne entre 1986 et 2012.

Il est incontestablement une figure du gaullisme rural et conservateur, apprécié dans les milieux agricoles et viticoles (très importants dans le nord de la Bourgogne).

Enfin, plus récemment, Jean Baptiste Lemoyne, né en 1977 à Bourg-la Reine (92) mais possédant des origines icaunaises dans le village de Vallery devient Secrétaire d’Etat. Il va devenir une figure montante du centre-droit local puis national au sein de l’UMP (qui a regroupé les deux frères ennemis : le RPR et une grande partie de l’UDF, l’autre ayant rejoint le MODEM de François Bayrou).

Elu sénateur en 2014, il se rallie à Emmanuel Macron en 2017 et occupe plusieurs maroquins au sein de la nouvelle Majorité : Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères, Ministre délégué chargé du Tourisme, puis des Français de l’Etranger.

Maire de Vallery, il fut également conseiller général du canton de Chéroy (succédant à Henri de Raincourt) puis départemental du nouveau canton de Gatinais en Bourgogne jusqu’en 2021.

                                                                                            FOCUS SUR VILLENEUVE SUR YONNE

C’était la semaine précédente le premier tour des élections législatives anticipées de 2024. Les sondages prévoyaient alors une bérézina pour la majorité sortante, un regain de la Gauche cette fois ci unifiée sous la Bannière « Nouveau Front Populaire » mais surtout la perspective pour le Rassemblement national d’avoir enfin la majorité à l’Assemblée nationale…

Jour de marché à Villeneuve sur Yonne (Yonne), où le député RN sortant, Julien Odoul, 39 ans, tractait devant les stands et face au marché couvert, pouvant tester au passage sa popularité au niveau local.

Elu face à la candidate sortante Macroniste Michèle Crouzet en 2022 avec près de 56 % des voix au second tour dans cette 3ème circonscription de l’Yonne, cette figure montante du mouvement Le Peniste dont il est l’un des porte-paroles va d’ailleurs transformer l’essai dès le premier tour, enregistrant près de 51% des suffrages.

Indéniablement, le cadre Frontiste a réussi à s’imposer sur ce territoire qui a très longtemps voté pour les représentants de la Droite Modérée mais qui a progressivement glissé vers l’Extrême-Droite au fil du temps.

D’ailleurs, il n’est pas le seul, puisqu’au soir du second tour, l’Yonne a fait le grand chelem Frontiste, en élisant trois députés RN ou assimilés, à l’instar de huit autres départements français, dont le voisin de l’Aube, également naguère une terre Gaulliste !

A contrario d’autres élus frontistes, Julien Odoul n’est pas un « parachuté », certes né et ayant vécu en Ile de France mais sa famille paternelle est originaire du département.

Diplômé en Histoire, il entre rapidement en politique entamant un parcours plutôt étonnant, que les mauvaises langues qualifieraient de « girouette » qui évolue selon le sens du vent : d’abord adhérent du Parti Socialiste, il le quitte rapidement pour rejoindre les rangs de formations centristes (le Nouveau Centre puis l’UDI), travaille un temps avec André Santini à Issy-les-Moulineaux avant de rencontrer Marine Le Pen en 2014 et d’adhérer de facto au mouvement Frontiste…

Il devient conseiller Régional de Bourgogne-Franche Comté en 2016, qu’il rejoint comme élu de l’Yonne. La première fois qu’il fait vraiment parler de lui, c’est lors d’une séance plénière du Conseil Régional à Dijon, lorsqu’il fustige une participante portant le voile, exigeant son départ de l’Assemblée afin d’y respecter les principes de la Laïcité, après le refus de la Présidente de séance, il quitte alors les lieux avec l’ensemble du groupe RN….

Devenu Porte-Parole du Mouvement en 2021, il est très actif sur les réseaux sociaux où il commente son agenda politique, en plus d’être invité sur les plateaux télévisés….

Rappelons toutefois qu’il a récemment fait la « Une de l’actualité » en faisant partie des « inculpés » de l’affaire des emplois fictifs du Parlement Européen, du temps où il était lui-même simple assistant, écopant au passage d’une peine d’inégibilité d’un an mais sans exécution immédiate Néanmoins, à l’instar de Jordan Bardella, il représente la nouvelle génération du RN, celle qui se dit « prête à gouverner, à condition toutefois que l’éternel « Front Républicain » ne s’oppose à ses désirs de conquête du pouvoir.

Sur le marché de Villeneuve sur Yonne, l’élu sortant reste alors prudent sur son avenir proche, contrairement à certains de ses électeurs potentiels qui le voient déjà ministre à Paris, calmant leurs ardeurs en réclamant que rien n’est joué et l’avenir lui donnera raison, avec la désillusion du second tour des législatives ou le RN se retrouve en 3ème position, malgré un nombre record d’élus (plus de 15O, dont une vingtaine de Ciottistes).

A contrario, il acquiesce lorsqu’une de ses interlocutrices affirme que « les Français tirent le diable par la queue, ne disposant d’aucune aide tandis que les migrants qui arrivent ont tous les droits », une contre-vérité que l’on entend fréquemment dans les milieux frontistes ou sympathisants. On n’oublie pas que le racisme et la xénophobie, bien que partiellement mis sous le boisseau par un RN « light » reste toujours très ancrée dans l’électorat Frontiste, étant même mis en avant, notamment par un des proches de Julien Odoul, le maire de Piffonds (600 habitants), Xavier Rosalie, un retraité de la SNCF qui préside aux destinées du RN départemental connu pour ses (très) nombreux dérapages verbaux et sur les réseaux sociaux, affichant un racisme décomplexé qui ferait presque d’Eric Zemmour un « modéré ».

A tel point que le MRAP local a saisi la justice pour faire condamner le seul maire Frontiste du département. Julien Odoul, comme ses compagnons d’armes met en avant l’insécurité et le manque de pouvoir d’achat qu’il promet de rendre à des électeurs déboussolés au cœur de territoires en perdition….

Pourtant, ici à Villeneuve sur Yonne, chef-lieu de canton de 5 200 habitants, 6ème ville du département , on n’est pas tout à fait une ville de la « France périphérique ».

Néanmoins, Villeneuve-sur-Yonne, autrefois un carrefour stratégique et une ville dynamique, semble aujourd’hui marquer un certain déclin, notamment en raison du vieillissement de sa population et du départ progressif des jeunes actifs vers des pôles urbains plus dynamiques.

Comme dans beaucoup d’autres communes Icaunaises, on constate un centre-ville où le commerce traditionnel a progressivement disparu au profit de structures plus importantes en périphérie immédiate.

Avec une proportion croissante de retraités dépassant plus de 30 % de sa population, la ville bénéficie cependant d’un cadre paisible et d’une qualité de vie appréciable, mais elle peine à attirer de nouvelles populations et à renouveler son tissu économique. Le taux de chômage frôlant les 15 % est deux fois plus élevé que la moyenne nationale.

La proximité avec Paris (120 Km), plus proche que la Capitale Régionale, Dijon (200 km) reste un atout, mais l’éloignement des grandes infrastructures et la baisse des services de proximité peuvent freiner son développement.

Très longtemps commune gérée par des maires de centre-droit, la ville a connu un maire marqué à gauche durant les deux derniers mandats mais finalement battu de justesse par l’actuelle maire, Nadège Naze, issue d’une liste « divers », avec comme premier adjoint, l’ancien Secrétaire Général de la CFDT, Jean Kaspar, qui figurait d’ailleurs sur les listes précédentes.

L’ancienne « ville nouvelle » créée au Moyen-âge qui s’appelait naguère Villeneuve-le-Roi a été construite avec une organisation urbaine planifiée, et toujours caractérisée par ses deux Portes d’entrée et de sortie de Ville : dites de de Sens et de Joigny. La ville a toujours été un carrefour routier entre le nord et le sud de la France, stratégiquement construite sur la rive droite de l’Yonne, avant de s’étendre à présent sur sa rive droite.

Un personnage particulièrement sulfureux va faire faire parler de Villeneuve sur Yonne, d'une façon quelque peu embarassante:

En effet, en 1923, le docteur Marcel Petiot, originaire de la campagne Auxerroise, installe son cabinet médical dans la rue principale de la Commune, la rue Carnot puis se fait élire Maire de la Commune en 1926 puis Conseiller général en 1928. Apprécié par ses administrés comme par ses patients qui le trouvent entreprenant et généreux (il offre ses consultations aux plus indigents), il se fait également une solide réputation de kleptomane puis est rapidement soupçonné d’avoir fait disparaitre sa bonne puis d’avoir provoqué l’incendie d’une laiterie dont la propriétaire n’était autre que sa maitresse.

Rattrapé par la justice, il est révoqué de ces deux fonctions et rejoint alors Paris où il ouvrira de nouveau un cabinet médical. On connait la suite, il sera accusé durant la période sombre de l’Occupation d’avoir fait disparaitre officiellement plus de 27 personnes dans des conditions atroces. Il sera guillotiné en 1946 à l’âge de 49 ans.

Un des plus grands spécialistes du Docteur Petiot, n’était autre que Jean Luc Dauphin, historien et Linguiste éminent, disparu en 2020 et qui fut également Maire, Conseiller général et Président du Syndicat d’Initiative de Villeneuve sur Yonne…comme Petiot, aimait-il à plaisanter lors d’une interview sur les ondes de « France Bleu Auxerre » mais là s’arrêtait bien sûr la comparaison entre médecin- tueur en série et l'amoureux du Territoire et président des "Amis du Vieux Villeneuve"...

                                                                                                                      EPILOGUE

L’Yonne est donc un département plein de paradoxes au niveau politique : la Droite traditionnelle y conserve un socle solide (communes, Conseil départemental) tandis que le RN capitalise sur le vote rural et anti-système. Les Gauches restent faibles mais peuvent progresser localement à des alliances, à l’instar des Nupes ou du Nouveau Front Populaire. Le parti présidentiel dit « Bloc Central » héritier de courants centristes du passé reste fragile mais s’implante toutefois dans certaines zones urbaines…