Vous partez en vacances ? Moi, non plus !

Editorial du 6 août 2025

EDITORIAL

Chaque été, les plages, les campagnes et les montagnes françaises voient affluer des millions de vacanciers. Pourtant, derrière cette apparente effervescence, une réalité statistique persiste : depuis près de 40 ans, environ 60 % des Français seulement partent en vacances. Un chiffre étonnamment stable, qui cache de fortes inégalités.

Depuis les années 1980, les enquêtes de l’INSEE et d'autres instituts révèlent ainsi une constance : environ 4 Français sur 10 ne partent pas en vacances, quelle que soit la conjoncture économique, les politiques publiques ou les évolutions sociétales. Ni les progrès du transport, ni l'essor des locations entre particuliers, ni même l'explosion du tourisme low-cost n’ont permis d’élargir durablement l’accès aux vacances.

Cet accès aux vacances reste fortement corrélé au niveau de revenus, à la situation familiale et à l’emploi. Les catégories sociales les plus modestes sont les plus touchées : familles monoparentales, retraités à faible pension, jeunes en situation précaire… Pour beaucoup, les vacances restent un luxe inaccessible, même en restant dans l'Hexagone .La principale raison évoquée par les Français qui ne partent pas en vacances est bien le manque de moyens financiers. Selon les études menées par l’INSEE et d’autres organismes, le coût des vacances est jugé trop élevé : transport, hébergement, restauration, activités…

Ces dépenses ne sont tout simplement pas envisageables, surtout en période d'inflation. Les familles monoparentales, les retraités à faibles revenus, les jeunes en début de carrière ou encore les demandeurs d’emploi sont parmi les plus touchés. Même avec les aides comme les chèques-vacances ou les colonies de vacances subventionnées, les frais restent trop importants pour certains ménages

Un autre facteur majeur est l’incapacité de prendre des congés. Certains salariés enchaînent les contrats courts ou travaillent dans des secteurs qui ne permettent pas de s’absenter facilement (restauration, soins, intérim, agriculture, etc.). D’autres, notamment les indépendants ou les petits entrepreneurs, ne peuvent tout simplement pas se permettre d’interrompre leur activité. À cela s’ajoutent les obligations familiales : personnes âgées à charge, enfants en bas âge, maladie d’un proche… autant de raisons qui peuvent freiner ou empêcher un départ en vacances.

Cependant, pour une minorité de Français, le choix de ne pas partir est volontaire. Certains préfèrent le confort de leur domicile, ou considèrent les vacances comme une source de stress : déplacements, foule, organisation, dépenses imprévues… D’autres n’ont tout simplement pas la culture du voyage ou ne ressentent pas le besoin de "partir" pour se reposer, souvent regardés comme des "bêtes curieuses" par leurs collègues ou leurs voisins...

Enfin, il faut souligner que la fatigue accumulée par une année de travail ou de précarité peut elle-même décourager un projet de vacances. Le simple fait de penser à l’organisation d’un séjour peut paraître insurmontable

À l’inverse, les cadres, les professions libérales et les foyers à hauts revenus partent non seulement plus souvent, mais aussi plus longtemps et plus loin. Créé en 1936 lors du Front populaire, le droit aux congés payés a ouvert une nouvelle ère. Ainsi, 90 ans plus tard, le "droit aux vacances pour tous" reste un objectif non atteint. Des associations comme l’ANCV (Agence Nationale pour les Chèques-Vacances) ou le Secours Populaire militent pour permettre à tous de partir, en particulier les enfants.

En 2024, cette association caritative révélait que 1 enfant sur 3 ne part toujours pas en vacances, ce qui a un impact sur leur bien-être, leur développement et leur sociabilité. Au-delà du simple repos, les vacances sont un vecteur d’émancipation, de lien social et de santé mentale. Ne pas partir, c’est aussi se sentir exclu d’une norme culturelle forte, surtout en été. Cela alimente un sentiment d’injustice et de frustration dans une société déjà marquée par les inégalités, cette fameuse "fracture sociale" dénoncée il y a déjà trente ans par certains acteurs politiques et qui a continue de s'élargir au coeur d'un pays riche comme le nôtre.....

Philippe DUPONT

On aime à dire que les Français seraient les champions du monde des vacances. C'est partiellement vrai: depuis 1982, ils ont droit à 5 semaines de congés pays minimum (sous oublier occasionnellement, les RTT, les jours fériés, les congés supplémentaires selon les conventions collectives) et peuvent faire pâlir d'envie les Américains ou encore les Japonais qui en ont la moitié moins mais pas forcément les voisins Allemands ou Espagnols qui sont assez proches de nous.

C'est vrai qu'en été, la France tourne souvent au "ralenti" durant les deux mois de Juillet (avec ses "juilletistes) et Août (ses "Aoûtiens) avec les grandes migrations routières, aériennes ou ferroviaires vers des lieux de prédilection jugées idylliques. Pour beaucoup de nos compatriotes, les "vacances" sont perçues comme un droit essentiel, voire sacré.