Un parfum de nostalgie et d'amertume....
Manuel et Bruno, soldats décus du Macronisme.
ACTUALITÉ


Bruno Retailleau et Manuel Valls, deux figures politiques aux trajectoires distinctes ont récemment exprimé des critiques acerbes à l'encontre du macronisme, malgré leur participation au gouvernement dirigé par François Bayrou. Alors qu’il était encore ministre de l’Intérieur et fraichement élu Président des Républicains au détriment de Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau avait déclaré que le « Macronisme » s’achèvera avec Emmanuel Macron, s’attirant les foudres de l’Elysée et d’une grande partie de ses collègues du gouvernement.
Ce qui ne l’avait pas empêché de maintenir sa position, affirmant que sa présence au sein du gouvernement n'était pas une adhésion au macronisme, mais une volonté de servir l'intérêt général (sic)… Quelque peu enivré par sa large victoire à l’élection de la Présidence des LR et par des sondages autant flatteurs que trompeurs sur sa popularité, l’ancien sénateur de Vendée n’avait en outre pas hésité à qualifier le parti présidentiel de « négation du politique » plus porté sur une personnalité que sur une idéologie ou un projet structuré.
Le locataire de la Place Beauvau n’avait pas non plus hésité à fustiger ce fameux concept du « en même temps » plus facteur d’impuissance politique que générateur d’un nouvel élan pour redresser un pays sujet à de graves difficultés sociales et économiques.
Oui mais voilà, l’ancien fils spirituel de Philippe de Villiers (ce dernier qui fut d’abord un supporter inconditionnel de l’actuel chef de l’Etat avant de se transformer en farouche adversaire) n’avait pas hésité à « franchir le Rubicon » en acceptant un maroquin au sein du gouvernement Bayrou (issu comme lui de l’ancienne UDF) et de profiter d’une grande notoriété, qui l’avait propulsé hors du semi-anonymat dans lequel il était plongé depuis plus d’une décennie….
De son côté, Manuel Valls, ancien ministre des TOM DOM, éphémèrement reconduit au sein du gouvernement Lecornu I s’est vu évincé du second casting (à l’instar d’une autre ancienne cheffe de gouvernement, Elisabeth Borne) a également exprimé des critiques sévères envers le macronisme.
Dans un entretien au Point, il a également qualifié ce mouvement de « négation du politique » et a défendu l'idée d'une coalition « du centre droit aux socialistes » pour la présidentielle de 2027. L’ancien maire d’Evry a souligné que le macronisme, selon lui, a échoué à incarner une véritable vision politique, se limitant à une gestion technocratique sans projet idéologique clair.
Ces déclarations interviennent après sa sortie du gouvernement, où il occupait le poste de ministre des Outre-mer. Il a précisé que son départ était motivé par des divergences idéologiques profondes, notamment sur la politique migratoire et la gestion des territoires ultramarins.
Bien que provenant de bords politiques différents, Bruno Retailleau et Manuel Valls partagent ainsi une critique commune du macronisme.
Pour l’ancien maire d’Evry, les relations avec Emmanuel Macron ont finalement toujours été compliquées : n’oublions pas que l’actuel Président de la République fut naguère ministre dans le Gouvernement Valls II et que tous les deux s’étaient émancipés du Hollandisme pour voler de leurs ailes, si l’un a réussi, on se souvient que l’autre a fait beaucoup de sortie de route depuis et tenté de rebondir en faisant plusieurs tentatives de rapprochement avec les « Marcheurs » dès 2017, n’ayant eu qu’un soutien plus que timide lors de la campagne des législatives de 2017, ou Manuel Valls avait été péniblement réélu dans son fief de la 1ère Circonscription de l’Essonne (Evry-Corbeil) avant de se subir un revers électoral dans la Catalogne natale pour finalement échoué sévèrement dès le 1er tour lors des législatives de 2022 dans la « Circonscription des Français de l’Etranger- Péninsule Ibérique- Andorre Monaco ».
Bruno Retailleau a quant a lui subi une certaine humiliation en voyant certains membres des LR finalement entrer au gouvernement Lecornu II malgré ses consignes, les excluant d’office du mouvement (et suspectant son adversaire Laurent Wauquiez d’être à la manœuvre).
Manuel Valls comme Bruno Retailleau en veulent surtout à Emmanuel Macron d’avoir été à l’origine du positionnement « ni droite ni gauche », impliquant le dépassement des partis traditionnels et se présentant comme progressiste, pro-européen et réformateur tout en intégrant le libéralisme économique et la réforme du monde du travail, engendrant au passage un vent de « dégagisme » qui fit voler en éclat l’influence des deux partis de gouvernement depuis le début de la Vème République (Droite et Gauche Républicaine) en les affaiblissant de façon durable.
Pourtant le clivage droite-gauche existe toujours mais il est à présent dilué dans trois blocs bien distincts, toujours source de clivage : progressistes contre souverainistes, mondialistes contre protectionnistes, centre libéral contre les extrêmes. Les deux soldats perdus Retailleau et Valls, entre espoirs déçus et amertume tentent de sortir de leur traversée du désert au cœur d’une Vème République vieillissante, lâchés discrètement par leurs alliés d’hier. La politique peut parfois donner l’illusion de voir trottiner des anciennes gloires tels des chiens perdus sans collier…