Sur le fil du rasoir.
De l'art du compromis vu par Sébastien Lecornu....
EDITORIALACTUALITÉ
Décidément, Sébastien Lecornu est devenu un spécialiste du vote serré est donc parvenu hier soir, après un très long suspense à faire adopter le Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2026. Le moine-soldat du gouvernement réussit indéniablement là ou ses deux prédécesseurs (Barnier, Bayrou) avaient échoué, optant pour une attitude humble et pragmatique et démontrant une réelle habileté à chercher le compromis avec des adversaires politiques, ce qui constitue un véritable exploit dans un pays peu enclin à pratiquer ce type de jeu parlementaire.
Auparavant, le chef du gouvernement avait réussi à faire adopter en novembre dernier, la partie "recettes" du budget, avec un vote serré de 176 contre 161 (et 58 abstentions). Ce 9 décembre, le score a été tout aussi étriqué : 247 voix contre 234 et 93 absentions mais cela constitue toutefois une victoire cruciale pour un gouvernement que l’on dit toujours « en sursis ».
Si l’audace du Premier ministre a payé, il est clair que l’adoption du budget dans son ensemble est loin d’être acquise. N’oublions pas que les députés doivent sortir du jeu « politicien » pour garantir le financement de la protection sociale (incluant les retraites, la santé) au cœur d’un climat budgétaire tendu (doux euphémisme).
En outre, le chef du gouvernement a tenu ses promesses de ne pas se servir du fameux article « 49.3 » pour arriver à ses fins, a contrario de ses prédécesseur(es) et fait un certain nombre de concessions (dont la « suspension de la réforme des retraites » pourtant mesure-phare du second quinquennat Macron) notamment au Parti Socialiste.
Un parti Socialiste qui a indéniablement permis le succès de Mr Lecornu en votant « pour » tout en s’attirant les foudres de son « allié » d’hier, LFI qui l’accuse d’adouber de facto le pouvoir Macroniste. Le RN qui a intégralement voté « Contre » , accusant la connivence entre le gouvernement et la gauche et le refus de dissoudre l’assemblée nationale, seul moyen selon lui de « résoudre la crise actuelle » et surtout de lui ouvrir les portes du pouvoir.
On peut sourire des propos de Mr Ciotti, l’ex LR désormais allié du précédent qui lui incrimine ses anciens compagnons de route dont Laurent Wauquiez, accusé de montrer allégeance au pouvoir mais également de constater que Bruno Retailleau essuie un nouvel échec dans sa tentative de « dénonciation du hold-up social » tandis les amis d'Edouard Philippe ont joué la carte de la prudence en s'abstenant....
Certains observateurs voient au contraire dans l’adoption de ce budget, l’évitement du risque d’un désastre financier car selon eux, le déficit de la Sécurité sociale aurait pu atteindre 30 milliards d’euros. En attendant, le moine-soldat Lecornu continue sa croisade, continuant à parcourir ce long chemin sinueux et remplis d’épine au cœur d’un monde politique et fragmenté mais qui a quelque sursaut de «conscience » qu’il faut sortir de la « quadrature du cercle » dans lequel il est prisonnier depuis quelques temps….

