Soigne ta Droite !

Un fauteuil pour deux..

EDITORIALACTUALITÉ

Il ne s’attendait probablement pas à cette écrasante victoire : avec plus de 74 % des suffrages exprimés, Bruno Retailleau a été élu Président des LR face à Laurent Wauquiez qui subit quant à lui une lourde défaite et hypothèque ainsi ses chances pour espérer se lancer à l’assaut de la Présidentielle de 2027…

Pourtant, il y a encore peu, le Député de la Haute-Loire était le grandissime favori de l’élection. A 50 ans, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy était celui qui allait rebooster un parti miné par ses divisions internes, dont la récente scission des partisans d’Eric Ciotti attirés par les sirènes Frontistes. Lui-même avait été auparavant aux manettes d’un parti issu d’une l’UMP minée par des scandales politico-financiers mais surtout par ses revers électoraux, notamment celui de la traumatisante défaite de Valérie Pécresse lors de la Présidentielle de 2022, faisant moins de 5 % des voix, du jamais vu sous la Vème République !.

Le succès de Bruno Retailleau, 65 ans, actuel ministre de l’Intérieur du Gouvernement Bayrou est probablement lié à sa popularité croissante auprès de l’électorat conservateur et son passage Place Beauvau l’aura fait passer de l’ombre à la lumière. A peine élu, celui qui fut longtemps le bras droit de Philippe de Villiers, a d’emblée réaffirmé l’appartenance des LR à la Droite tout en visant à reconstruire le parti en s'appuyant sur une ligne politique claire et une base militante renforcée, avec l'objectif de peser significativement lors de la présidentielle de 2027.

Ce Catholique pratiquant, aspire à incarner une droite conservatrice axée sur la sécurité, l'immigration et l'ordre républicain, se rapprochant là des positions de son rival Wauquiez. Il compte redonner une cohérence à un parti en déclin qui ne sait plus toujours où il se situe sur l’échiquier politique et qui a vu depuis le « Bing bang » politique de 2017 une frange modérée  non négligeable de son électorat rejoindre les rangs du Macronisme tandis que son aile droite a en partie franchi le Rubicon Frontiste….

Tandis que Bruno Retailleau a rejoint l’équipe gouvernementale, Laurent Wauquiez qui avait pourtant commencé sa carrière dans les rangs Centristes, alors héritier de Jacques Barrot dont il avait repris le fief auvergnat, incarne désormais une Droite souverainiste, populaire et identitaire et qui souhaitait reconstruire le parti en dehors de toute alliance avec la Macronie, mettant en avant son indépendance vis-à-vis du gouvernement

Le nouveau Président va chercher à se positionner comme une alternative crédible entre le Bloc Central et l’Extrême Droite et il est clair que sa mission risque d’être compliquée car actuellement LR ne compte plus que 48 députés à l’Assemblée Nationale même s’il est largement majoritaire au Sénat et qu’il possède un réseau encore solide dans les territoires, prônant d’ailleurs qu’une victoire aux municipales serait la condition sine qua none pour espérer succéder à Emmanuel Macron dans deux ans…

En outre, l’actuel ministre de l’Intérieur devra impérativement se démarquer du RN qui l’accuse de faire plus de com’ que d’agir réellement sur le terrain sécuritaire, dont le bilan en ce domaine serait quasi-nul, sans oublier la tentation de la branche modérée du parti  toujours tentée de s’allier durablement aux Macronistes, au risque d’être "siphonés" par eux, comme l’avait mentionné Wauquiez durant la campagne.

On l’a compris, la remontada de LR sous l’ère Retailleau risque bien de rencontrer de nombreux obstacles et le danger ne vient pas du seul RN mais également de la concurrence d’un Edouard Philippe, transfuge des LR et allié tiède du Macronisme qui n’a pas dit son dernier mot. En outre, même s’il a le vent en poupe actuellement, Bruno Retailleau n'est pas forcément un leader naturel comme le furent naguère Jacques Chirac ou bien sûr Nicolas Sarkozy.

Le ministre vedette de l’actuel gouvernement est probablement lucide sur les aléas que comportent la vie politique qui peuvent faire de vous une star incontournable un jour puis un paria le lendemain, au cœur d’une arène politique impitoyable, où les carrières peuvent être parfois éphémères et d’autres fois très longues…A suivre...