Raphael Glucksmann ou la nouvelle arme à Gauche.

L'homme qui rêve de relancer la Gauche sociale démocrate.

EDITORIALACTUALITÉ

A 46 ans, l’ancien essayiste Raphaël Glucksmann, actuel député européen est devenu une figure de la Gauche social-démocrate. Le fondateur du mouvement Place publique, croit encore possible ce que beaucoup jugent improbable : une union des forces progressistes capables de contrer l’extrême droite, mais sans Jean‑Luc Mélenchon dans la perspective des prochaines élections présidentielles.

Pour l’eurodéputé, le rassemblement de la Gauche est une responsabilité historique pour tenter de retrouver le chemin du pouvoir, comme ce fut le cas très récemment avec le Nouveau Front populaire mais y excluant son ancien leader charismatique, Jean-Luc Mélenchon jugé trop encombrant et inapte à bâtir une alternative crédible face à l’Extrême-Droite…

Le compagnon de Léa Salamé a donc un objectif ambitieux : celui de créer une « nouvelle union de la Gauche » capable de réunir des partis progressistes, dont l’aile modérée du Parti socialiste. Dimanche dernier, lors d’un rassemblement à Pontoise (Val d’Oise) il a réussi à obtenir le soutien implicite de plusieurs personnalités tel l’ancien Président de la république, François Hollande mais également son ancien premier ministre Bernard Cazeneuve qui étaient tous deux présents à ses côtés…

Selon son entourage, Raphael Glucksmann, quelque peu grisé par de bons sondages à son endroit en vue de la prochaine présidentielle (crédité de 13 % des intentions de vote) cherche donc à offrir une crédibilité institutionnelle à son projet, cherchant à rassurer les « électeurs de la deuxième gauche » celle qui est effrayée par la radicalité de l’autre gauche incarnée par LFI.

Il insiste sur le fait qu’il est nécessaire d’avoir une Gauche qui sache « parler » à tous les français et pas seulement à une base militante (suivez son regard) et rappelle son engagement profond à une Europe forte et à un soutien inconditionnel à l’Ukraine.

L’Eurodéputé prône également un projet social et écologiste mais maintenant des mesures économiques réalistes. Enfin, il a clairement affiché son opposition à l’organisation d’une primaire à Gauche, synonyme selon lui de risque de domination d’un parti unique, comprenez l’implacable leadership de LFI et l’étouffement des divergences entre les deux gauches : celle modérée versus la radicale.

Exclure Mélenchon comporte de nombreux risques. Dans les sondages, les deux hommes sont au « coude à coude » mais Glucksmann perd du terrain (13 %) La tension entre Jean‑Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann ne cesse de monter. Alors que Glucksmann tente de bâtir une union de la gauche modérée, Mélenchon le désigne publiquement comme un obstacle, accusant l’eurodéputé de «sous-marin de Macron».

L’ancien sénateur de l’Essonne accuse également son adversaire d’incarner une « Gauche de salon », éloignée de l’électorat populaire et moins « punchy » en matière de conquête électorale que ne sont ses propres troupes…

On l’a compris, la partie est loin d’être gagnépour le fils d’André Glucksmanne . En outre, un autre rassemblement unitaire d’une autre «Gauche » ayant rompu avec le Mélenchonisme s’est tenu le même jour à Trappes (Yvelines) à l’initiative de la revenante Luice Castets et auquel participait le Premier Secrétaire du PS, Olivier Faure, dont la ligne idéologique avec Glucksmann est pourtant assez proche (dont l’acception de compromis avec le gouvernement Lecornu) mais accompagné de certains orphelins de la NUPES et de LFI, à l’instar de Clémentine Autain, Alexis Corbière, François Ruffin ou l'écologiste Marine Tondelier.

Cette « Gauche unitaire » est a contrario partisane d’une primaire et pas forcément hostile à un rapprochement avec les troupes LFI dans le dessein de retrouver le chemin du pouvoir… L’ancienne « candidate au poste à Matignon » préconise l’instauration de cette primaire au cours de l’automne 2026.

On l’a compris, ces risques de division entre plusieurs Gauches dites « irréconciliables » ne laissent pas augurer dans l’immédiat une issue victorieuse mais plutôt une propension à relancer « la machine à perdre » avec un Mélenchon qui a mené le combat de trop ou un Glucksmann passé comme un « espoir » qui n’a pas transformé l’essai.

Mais la route est encore longue et les incertitudes demeurent : ceux qui enterrent trop vite le Macronisme et qui rêvent d’un affrontement entre la Gauche et le Rassemblement National avec un avantage pour la première doivent rester prudents : la politique ressemble parfois a une comédie de boulevard avec ses rebondissements et ses coups de théâtre qui se jouent dans les secrets de l’isoloir….

Philippe Dupont