New York fait sa "Révolution"
Zohran Mamdani, l'homme qui défie Donald Trump.
EDITORIALINTERNATIONAL.


Il n’a que 34 ans et il incarne une Amérique en quête de mutation. Il s’appelle Zohran Mamdani et s’apprête à devenir le plus jeune et le premier maire Musulman de New York, la plus grande ville des Etats-Unis…Largement élu hier soir avec près de 58 % des suffrages exprimés, le natif de Kampala (Ouganda) issu de parents indiens a ainsi connu une irrésistible ascension, lui qui a foulé le sol américain pour la première fois lorsqu’il avait sept ans et qui n’a un passeport américain que depuis 2018…
Dans cette Amérique Trumpiste aux vieux relents xénophobes, cette prouesse électorale se réinscrit dans la tradition « de l’American Dream ». Certes, certains observateurs rétorqueront de « Big Apple » n’est pas l’Amérique mais une mégapole multiculturelle éloignée du risque du « pays profond » qui vote à présent pour Donald Trump.
Quant à celui qui va prendre ses fonctions le 1er janvier prochain, il n’est pas non plus l’incarnation du migrant pauvre et affamé de jadis qui saluait la statue de la Liberté de l’accueillir au cœur de la Terre promise…Issu d’une famille d’universitaire et de cinéaste, Zohran Mamdani est toutefois un personnage atypique, ancien rappeur devenu travailleur social, jusqu’à présent élu dans un secteur de la ville et
qui a su terrasser les machines électorales bien huilées (y compris dans son propre camp, celui des Démocrates) et les avertissements vociférant du locataire de la « Maison Blanche » qui ne voulait surtout pas voir sa ville natale tomber aux mains d’un « dangereux communiste »….
Durant cette âpre campagne électoral, Trump aurait été en effet “vert de rage” en découvrant les sondages plaçant le jeune socialiste largement en tête à New York — une ville qu’il considère depuis toujours comme son fief symbolique. Dans un geste aussi inattendu que provocateur, il aurait même préféré soutenir l’adversaire démocrate modéré de Mamdani, le « centriste » Andrew Cuomo, espérant ainsi affaiblir celui qu’il qualifie de « radical de gauche dangereux » !
Ce soutien paradoxal a davantage fait sourire qu’effrayé les électeurs new-yorkais, renforçant l’image de Mamdani comme le candidat de la sincérité face aux calculs politiques.L’Outsider fraichement élu représente donc le visage nouveau de la gauche américaine qui en avait bien besoin depuis la déroute électorale de 2024 où depuis elle se contentait de se réfugier dans une attitude de mutisme impuissant face à la déferlante trumpiste…
Mamdani se présente non pas comme « Démocrate » mais plutôt comme « Socialiste » qui n’a pas du tout la même signification qu’en France, en effet de l’autre côté de l’Atlantique, il se classe à la Gauche du Parti Démocrate. Mais cela ne signifie pas non plus qu’il puisse être taxé d’être « révolutionnaire », ayant fait la promesse de rendre New York à ceux qui y vivent et non à ceux qui spéculent, comme c’est le cas dans cette Capitale mondiale de la Finance. Le futur édile a promis de développer le logement social, la gratuité des transports ainsi que la taxation des ultra-riches…. On pourrait plutôt y voir l’amorce d’un politique social-démocrate toutefois assez éloignée des candidats municipaux habituels qui jouent la carte de la modération.
Avec son ton direct, son énergie de terrain et sa capacité à mobiliser les jeunes et les minorités font de lui un symbole d’une génération qui ne se reconnaît plus dans les clivages politiques traditionnels tout en tenant d’incarner le retour de la Gauche américaine…
Cette montée de Mamdani n’a pas laissé indifférent l’ancien président Donald Trump, qui voit dans cette élection un affront personnel, affirmant au passage que si le nom de « Trump » était apparu sur le bulletin de vote, le résultat de l’élection aurait été bien différent et qu’il n’a cessé d’accuser Mamdani d’être antisémite, ce qui serait un comble dans la deuxième ville juive du monde !.
Si l’élection est municipale, sa portée est nationale. Dans un contexte où les fractures sociales et raciales demeurent profondes, la candidature de Mamdani agit comme un miroir de l’Amérique de 2025 : jeune, métissée, revendicatrice et globalisée, diamétralement opposée celle du milliardaire-président qui incarne une société instrumentalisant la peur , la division et le repli sur soi..
Cependant, le nouvel élu New Yorkais ne fait pas complètement l’unanimité au sein même du camp Démocrate dont certains voient en lui un candidat « trop à gauche » qui est en marge de l’échiquier traditionnel americain surtout marqué à « droite » même chez les plus modérés…Alors, sera-t-il une étoile filante de la politique, roi d’un jour qui retombe dès le lendemain dans l’anonymat ? Rien n’est moins sûr car dans les rues du Bronx ou du Queens, Mamdani est accueilli comme un frère. Lui se prend à rêver en rappelant que New York a d’abord été une ville de migrants, d’ouvriers et de rêveurs…
Les défis, pourtant, ne manquent pas. Mamdani devra composer avec un conseil municipal divisé et des lobbys immobiliers déjà vent debout contre ses réformes. Mais son équipe se veut confiante. « Il a gagné sans les milliardaires, il gouvernera pour le peuple », assure un proche.
A suivre….

