Les tribulations d'un Rocker déjanté au pays du Tango

Javier Milei, l'homme à la tronçonneuse qui terrasse l'inflation !

EDITORIALACTUALITÉ

Décidément, il adore créer la surprise et faire le buzz et il faut bien admettre qu’il arrive à ses fins. Dans la soirée du 26 octobre, l’actuel Président argentin, Javier Gerardo Milei largement élu avec 55 % des suffrages exprimés en 2023 est donc arrivé en tête des élections législatives de mi-mandat en obtenant plus de 40 % des voix, loin devant son adversaire Péroniste.

Aucun observateur avisé n’avait prévu un tel résultat même si le leader de la formation « Libertad Avanza » n’obtient pas la majorité absolue et devra ainsi composer avec d’autres formations politiques pour trouver de quelconque compromis. Dès l’annonce des résultats, le voilà congratulé chaleureusement par son ami Donald Trump, ne doutons pas qu’Elon Musk a dû y féliciter le « Zorro » qui n’arrive pas masqué dans les « Barrios » de Buenos Aires mais donnant des sueurs froides à ses adversaires qui l’accusent d’être un populiste dangereux et sans scrupules..

Néanmoins, c’est indéniablement une victoire qui donne à Milei une assise politique renforcée afin d’imposer son agenda radical de dérégulation, de coupes sombres, à « coup de massacre à la tronçonneuse » dans l’État et de transformation économique.

Celui qui s’autoproclame « anarcho-capitaliste » (sic), une étiquette plutôt insolite pour un chef d’Etat, synonyme d’incarnation de la branche la plus radicale du libertarisme, indéniablement classé à l’extrême-droite sur l’échiquier politique.

Depuis son élection, Il a fait de la réduction de l’État, de la dérégulation et de la liberté économique ses fer de lance marquant les esprits pour ses gesticulations médiatiques tronçonneuse brandie, optant pour un ton provocateur et pour un style très éloigné des hommes d’État traditionnels

Il s’est installé comme la coqueluche d’un électorat lassé des crises économiques à répétition de l’Argentine, et de la domination historique du péronisme.. Ces législatives de 2025 sont vues comme un référendum sur les deux premières années du mandat de Milei. Jusqu’à récemment, son bilan avait été fragilisé par des scandales (notamment dans son entourage familial), par une économie en situation critique et par des résultats décevants dans certaines provinces.

Malgré cela, l’administration Milei a pu présenter quelques signaux positifs surtout en matière de lutte contre une hyper-inflation galopante, qui est passé de 211 % à un peu plus de 33 %, une chute vertigineuse mais qui reste toutefois très élevée et qui n’a pas empêché une montée en puissance de la précarité et d’une hausse significative du chômage….

Jouissant toutefois de ce relatif capital politique, il va en profiter pour mettre en exergue ses priorités, à savoir la réforme du marché du travail, une refonte fiscale, la privatisation ou la fermeture de certaines entreprises d’état… Des mesures d’austérité budgétaire fortes : réduction des dépenses publiques, suppression de ministères, réduction d’effectifs dans la fonction publique

En outre, l’économiste iconoclaste ne s’en cache pas, il rêve « dollariser » son pays, en remplaçant le Peso par la monnaie de l’Oncle Sam, adepte d'une politique monétaire plus stricte, en partenariat avec le FMI afin de pouvoir financer les déficits abyssaux.... Milei a pour dessein de redorer le blason d’une « Grande Argentine » celle du début du XXème siècle, qui faisait d’elle un des pays les plus riches du monde, sorte d’Eldorado économique qui attira de nombreux migrants venus du monde enti

En définitive, cette victoire intermédiaire de Javier Milei marque un tournant dans la politique argentine : un outsider au style flamboyant, partisan d’une révolution libertarienne, obtient un mandat plus clair pour transformer un pays en crise structurelle.

Mais le pari reste risqué : la transformation économique peut être brutale, la base d’électeurs impatiente, les oppositions sociétales nombreuses. : ce succès électoral se traduira-t-il par une transformation durable, ou ne sera-t-il qu’un feu de paille avant une nouvelle crise ? 

Philippe Dupont