Léon de Rome..

Habemus Papam !

EDITORIAL

Philippe DUPONT.

En ce jour marquant le 80 -ème anniversaire de la capitulation de l’Allemagne Nazie, personne ne s’y attendait : alors que les cérémonies commémoratives étaient sur le point de se terminer à travers le pays, voilà que la fumée blanche est subitement apparue vers 18h00 au-dessus du toit de la chapelle Sixtine : « Habemus Papam ! » alors que beaucoup misait sur un conclave plus long, c’est au bout de 24 heures que le suspense a pris fin.

Un inconnu et surtout un Outsider est apparu sur le balcon, déjouant tous les pronostics. Le 267ème évêque de Rome, le cardinal américain Robert Francis Prévôt a alors salué la foule massée sur la Place Saint Pierre, le visage marqué par une émotion palpable. Pour la 1ère fois dans l'Histoire, un prélat originaire des Etats-Unis va régner sur les 1.4 milliards de catholiques et a choisi comme prénom celui de Léon XIV  qui fait référence à Léon XIII, célèbre pour son encyclique Rerum novarum de 1891, qui posait  alors les bases de la doctrine sociale de l'Église. Ce choix suggère ainsi une volonté de poursuivre l'engagement en faveur de la justice sociale et du dialogue.

A 69 ans, Robert Francis Prévost, succède donc à François l’Argentin mais a des origines européennes comme lui : Franco-Italien du côté paternel et espagnole, du côté maternel. Avant d’avoir d'obtenir les votes d' une grande partie des 133 cardinaux-électeurs, le natif de Chicago a été longtemps missionnaire au Pérou, à tel point qu’il possède également la nationalité péruvienne puis jusqu’alors Préfet du Dicastère pour les évêques, comprenez un des éléments moteurs pour la nomination des évêques à travers le monde.

Alors que François fut le premier Pape Jésuite, voici son successeur devient également le premier issu de l’Ordre de Saint Augustin fondé au 13ème siècle et qui est Inspiré par les écrits et la vie de Saint Augustin d'Hippone (354–430), un des Pères de l'Église. On peut sourire quand on sait que lors des précédentes élections, la consigne était de n’élire ni un Américain, ni un Jésuite. O tempora, O mores! ..

Elu au 4ème tour de scrutin,  son profil de « candidat de compromis » et  son engagement en faveur des réformes initiées par son prédécesseur aura été déterminant. On a appris que François appréciait particulièrement cet homme que l’on dit discret et réservé mais qui a su s’engager au cœur des territoires éloignés et délaissés jusqu’ici par l’Eglise.

Lors de cette première apparition au Balcon, Léon XIV a lancé un appel à la paix et au désarmement mondial, exhortant les peuples à construire des ponts par le dialogue, saluant les fidèles en Italien et en Espagnol, témoignant au passage de son engagement envers une église universelle et multiculturelle. Un bon point pour ce polyglotte (qui parle outre l’Anglais, le Français et le Portugais), également diplômé de Mathématique et de Philosophie mais également amateur de Tennis !

Cet homme que l’on dit ouvert et à l’écoute des autres, même si certains le disent plus conservateur que François a tenu a rappeler que ses pairs pouvait plus revenir en arrière. parce que le monde d’aujourd’hui, dans lequel vit l’Eglise, n’est pas le même que le monde d’il y a dix ou vingt ans», .

«Le message est toujours le même  mais le moyen d’atteindre les gens d’aujourd’hui, les jeunes, les pauvres, les politiques, est différent», avait-il estimé.

L'élection de Léon XIV marque une continuité avec le pontificat de François, notamment dans la volonté de réforme pastorale et de proximité avec les plus pauvres. Son parcours, alliant rigueur intellectuelle et engagement missionnaire, en fait une figure de consensus au sein de l'Église catholique. Le déclin de la pratique religieuse en Occident, l’indifférence spirituelle croissante, et la remise en cause des institutions chrétiennes appellent le futur pape à affirmer avec clarté le cœur du message évangélique. Il devra faire entendre la voix de l’Église dans des sociétés sécularisées, en proposant un témoignage crédible, joyeux et incarné de la foi.

L’un des grands défis internes sera celui de l’unité. Entre les pôles conservateurs et progressistes, entre différentes sensibilités théologiques et liturgiques, le futur pape devra maintenir l’unité sans uniformité, en écoutant les marges sans renier la tradition. Un équilibre délicat mais essentiel pour éviter les fractures visibles et constatées il y a encore peu.

La réforme de la Curie romaine, initiée par ses prédécesseurs, devra être poursuivie et approfondie.. Les scandales d’abus sexuels et de pouvoir ont profondément ébranlé la crédibilité de l’institution. Ce nouveau pape devra maintenir une ligne de fermeté et de transparence, renforcer les mécanismes de prévention et de justice, et continuer d’accorder une place centrale à la parole des victimes.

À l’image du pape François, qui avait su placer les questions sociales et environnementales au cœur de sa mission, le souverain pontife devra poursuivre également cet engagement. Face aux inégalités, aux crises migratoires, aux conflits, et à l’urgence climatique, sa voix pourra porter une vision éthique et spirituelle, capable de toucher au-delà du cercle des croyants.

Dans un contexte mondial marqué par la montée des nationalismes, les tensions religieuses, et la multiplication des conflits, le rôle diplomatique du Saint-Siège sera crucial. Ce nouveau Pape devra poursuivre le dialogue interreligieux (notamment avec l’islam et le judaïsme), travailler au rapprochement œcuménique avec les autres Églises chrétiennes, et se faire bâtisseur de paix.

Enfin, dans de nombreuses régions du monde, des communautés chrétiennes vivent sous la menace ou dans la clandestinité. Léon XIV  devra leur apporter un soutien moral et politique, en plaidant fermement pour la liberté religieuse et les droits fondamentaux. Il ne vient pas seulement d' hériter d’un trône, mais d’une responsabilité spirituelle mondiale. Entre tradition et réforme, fidélité à l’Évangile et audace missionnaire, il sera appelé à guider l’Église dans une époque incertaine, avec humilité, courage et vision, s’affirmant comme un pape du 21ème siècle….Vaste programme.