Le Retour du PS
Billet du 12 février.
BILLET
Par Thibault File Etouppe.


Cela n’a échappé à personne : le Parti Socialiste (PS) est-il de retour ?
Certains d’entre vous pourront s’étonner de cette affirmation : Pourquoi, il avait disparu ? Non, pas vraiment, il était plutôt en « hibernation » depuis qu’un Tsunami politique l’avait mis à terre en 2017, victime comme d’un impitoyable raz de marée dégagiste…
Cette année-là, le PS avait subi un véritable désastre électoral avec son candidat Benoit Hamon qui n'avait récolté que 6.3 % des suffrages, pénalisé par le bilan très controversé d'un François Hollande qui s'était vu dans l'impossibilité de représenter et en outre totalement dominé par Emmanuel Macron, pourtant son ancien ministre et par la percée de Jean-Luc Mélenchon qui avait claqué la porte du PS en 2009.
Que dire également de la Bérézina des législatives qui vit le Parti de la Rose au poing" passé de 284 à seulement 30 députés... le Parti Socialiste sera désormais à la peine pour se reconstruire et exister médiatiquement face à un duel Macron- Le Pen, tout en étant concurrencé par LFI sur sa gauche. La perte significative de ses élus au niveau national va entrainer des difficultés financières, l'obligeant notamment à faire un "véritable plan social" au niveau de ses permanents et de revendre le siège historique de la Rue de Solférino pour déménager vers Ivry sur Seine, banlieue populaire...
Une traversée du désert qui va durer près de 5 ans après la défaite de nombreux élus socialistes (y compris d'anciens ministres) tandis que d'autres avaient répondu "présents" aux sirènes du Macronisme triomphant, citons par exemple Richard Ferrand, Gérard Collomb, Nicole Belloubet, François Patriat, Olivier Véran, Elisabeth Borne, Olivier Dussopt, Jean Yves le Drian, etc, etc..la liste est très longue.
On va donc s'étonner de voir des anciens caciques du Ps devenir des ministres d'un gouvernement, tenu par un transfuge des LR, Edouard Philippe et cohabitant avec d'autres transfuges d'une Droite également en voie d'implosion, à l'instar d'un Bruno Le Maire, du très Sarkozyste Gérard Darmanin ou de Sébastien Lecornu, etc...
En 2018, Olivier Faure, Député de Seine et Marne et l’un des rares rescapés de 2017 prend la tête du Parti et ne l’a pas quittée depuis, sans pour autant redynamiser une organisation politique connue naguère pour ses « motions » et son « esprit de synthèse » qui avait fait le bonheur de deux de ses Premiers secrétaires : François Mitterrand puis François Hollande qui ont accédé tous le deux à la magistrature suprême, après parfois des années d’opposition interminables.
L’année suivante, le Parti à la Rose pensait avoir trouver en Raphael Glucksmann et son mouvement "Place Publique" un symbole du renouveau de la Gauche social-démocrate lors des élections européennes mais ce dernier va essuyer un échec cuisant, avec un score aussi médiocre que celui de Benoit Hamon, flirtant les 6.5 %.
En 2020 lors des élections municipales, le PS reprendra un peu des couleurs en faisant quelques jolis scores à Paris, Nantes ou encore Lille, notamment grâce à l'apport des voix écologiques ainsi que dans des villes moyennes où il se maintient tandis que la Majorité Macroniste n'arrive pas vraiment à percer. Les Socialistes s'imposent également dans près d'une trentaine de conseils départementaux et cinq conseils généraux sur treize en Métropole.
Le PS comme les LR prouvent qu'ils ont encore chacun un socle électoral qui reste solide au niveau local mais qui malheureusement n'arrivent plus à s'imposer au niveau national: la Présidentielle de 2022 en constitue la parfaite illustration: tandis que Valérie Pécresse, qui avait pourtant réussi à conserver la Région Ile de France en 2021, enregistre le plus faible score de la Droite sous la Vème République avec 4.7 % des voix même si c'est toujours mieux que le résultat humiliant d'Anne Hidalgo qui avoisine les 1.8 % !. Du jamais vu sous la Vème République, surtout pour un parti qui était encore au pouvoir 5 ans plus tôt !
Face à cet échec, le PS se ralliera à la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES), une alliance initiée par Jean-Luc Mélenchon regroupant LFI, le PS, EELV et le PCF. Grâce à cette coalition, le PS sauve un groupe parlementaire en obtenant 31 députés en juin 2022.
L’adhésion du PS à la NUPE est rapidement remise en question par son aile modérée, notamment incarnée par des figures comme Bernard Cazeneuve, qui quitte le parti, et Nicolas Mayer-Rossignol, qui conteste la ligne de son premier secrétaire, Olivier Faure. Plusieurs tensions émergent concernant certains socialistes qui veulent s'éloigner de LFI jugée trop radicale tandis que d'autres souhaitent maintenir "l'Union de la Gauche"., beaucoup d'entre eux hésitant entre résilience et marginalisation.
La dissolution surprise de l'Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron, suite aux résultats des Européennes de 2024 qui avait vu une poussée massive du Rassemblement national et de l'écroulement de la Majorité Présidentielle s'est soldée par un résultat déconcertant au soir du second tour des législatives partielles le 7 juillet : un parlement coupé en trois, avec en tête le Nouveau Front Populaire, sorte de "NUPES bis" , toujours concocté par l'incontournable Mélenchon qui va permettre au PS de se retrouver avec le nombre inespéré de 69 députés, lui apportant indéniablement un peu de baume au cœur mais au coeur d'une coalition très loin de la majorité absolue…
Cependant, le PS et le reste de la Gauche, en panne de leadership vont vouloir imposer comme future Première Ministre de cohabitation, une parfaite inconnue, Lucie Castets qui n’appartient d’ailleurs à aucun parti de ce « Cartel des Gauches » du XXIème siècle. Gros flop à l'arrivée comme chacun sait, à l’exception toutefois d’une excellente représentation dans les commissions et autres bureaux de l’Assemblée nationale, malgré l’échec à conquérir le perchoir, qui reviendra à la sortante Macroniste: Yael Braun Pivet…
En effet, l’échec de cette improbable Union de la Gauche à imposer un leader, optant pour un positionnement radical au cœur d’une assemblée dont aucun bloc n’a de majorité y compris relative sans avoir recours à des compromis a conduit à paralyser le travail parlementaires et mis en lumière des divergences de plus en plus profondes entre le PS et le LFI, dont certains à Gauche dénonce le fait qu’il a « vampirisé » son allié de circonstance.
Olivier Faure est raillé par ses adversaires, suspecté d’être devenu le « Toutou » de Mélenchon, tandis que dans son propre camp, certains souhaitent son départ de la Direction d’un PS qui n’est plus que l’ombre de lui-même, ayant préféré auparavant le choix insolite de Lucie Castets pour Matignon plutôt celui de Bernard Cazeneuve, soupçonné d’être « Macron-compatible »., voire un "Social-traitre"...
LFI est de plus en plus suspectée de pratiquer « la théorie du chaos » pour espérer arriver à ses fins : à savoir permettre à Jean-Luc Mélenchon d’accéder (au bout de la 4ème tentative) à L’Elysée, leader « naturel » selon lui, d'une Gauche (que l’on disait, il y a encore peu, d’irréconciliable » au détriment d’un PS, devant se contenter de jouer les supplétifs et qui ne doit sa survie actuelle que grâce à son encombrant allié, préférant voter la motion de censure avec lui et l’ensemble de ses troupes (avec la complicité du RN) qui va provoquer la chute du gouvernement de Michel Barnier en décembre 2024.
Cependant, le vent a tourné et depuis la nomination de François Bayrou, Olivier Faure a exprimé sa volonté de gouverner et de rechercher des compromis, y compris avec des partis du Centre et de la Droite modérée. Il a déclaré : « Je ne veux pas simplement résister et protester, je veux gouverner ».
Cette ouverture à des négociations a provoqué des tensions avec LFI, qui prône une application stricte du programme commun de la gauche sans concessions. Des figures de LFI ont critiqué cette approche, estimant qu'elle s'éloigne des engagements initiaux du Nouveau Front Populaire (NFP).
Au sein du PS, des voix s'élèvent de plus en plus pour une émancipation de l'influence de LFI. Stéphane Le Foll, maire du Mans et ancien ministre, a affirmé que « la gauche doit s’émanciper de la ligne et du comportement de LFI », appelant à un recentrage sur une ligne social-démocrate.
Ces débats internes reflètent une volonté au sein du PS de redevenir un parti de gouvernement autonome, capable de nouer des alliances variées pour mettre en œuvre ses politiques, tout en réévaluant la nature de sa collaboration avec LFI.
Ce changement de stratégie du PS a permis au Premier Ministre de sauver, du moins pour l’instant, plusieurs fois sa tête et surtout d’éviter la spirale des « gouvernements qui tombent plus vite que leur ombre » comme ce fut le cas sous les IIIème et IVème République…
Toujours convaincu de négocier des compromis mais surtout pas des compromissions, le PS devra toutefois clarifier plus amplement son positionnement politique en se rapprochant plus d’une gauche modérée (en espérant y adjoindre une partie des écologistes et des divers Gauche, voire des Macron-Compatibles). Il doit également trouver de nouvelles figures charismatiques capables de redonner une dynamique au Parti issu du Congrès d’Epinay afin de construire une offre politique crédible en vue de la prochaine élection Présidentielle prévue en principe en 2027.