Le General Indivis.
Il y a 55 ans, le 9 novembre 1970, disparaissait le Général de Gaulle
HOMMAGE


Le Général de Gaulle à Etampes, le 16 juin 1965
Il y a cinquante-cinq ans, le 9 novembre 1970, la France apprenait avec stupeur la mort du général Charles de Gaulle. Il allait avoir 80 ans. Le héros de la France libre s’est éteint paisiblement dans sa maison de La Boisserie, à Colombey-les-Deux-Églises, victime d’une rupture d’anévrisme alors qu’il jouait à la réussite, un jeu de cartes qu’il affectionnait.
Le lendemain, le président de la République, Georges Pompidou, annonçait la nouvelle avec gravité :
« La France est veuve. Le général de Gaulle est mort »
Dès l’annonce de sa disparition, c’est toute la nation qui se remémora le 18 juin 1940. Depuis Londres, sur les ondes de la BBC, de Gaulle appelait alors les Français à la résistance contre l’occupant nazi. Ce jour-là, il devint le symbole de la France libre et de la dignité nationale, incarnant la voix d’un pays qui refusait la défaite et la soumission.
Des chefs d’Etat du monde entier assistèrent à Notre Dame de Paris à une messe en son honneur tandis qu’une foule nombreuse déferla sur le modeste village de Colombey pour rendre un ultime hommage à son illustre concitoyen, inhumé auprès de sa fille Anne dans le cimetière du village haut-marnais. Quelques jours après, l'hebdo satirique « Hara-Kiri » publia à sa Une : « Bal tragique à Colombey : un mort » qui fit scandale et dont la parution fut interdite…
Rappelé au pouvoir en 1958 face à la crise algérienne et à l’instabilité politique, Charles de Gaulle refonda les institutions françaises. La Constitution de la Ve République, adoptée la même année, portait son empreinte : un exécutif fort, garant de la stabilité et de l’unité nationale. Élu président en 1959, il dirigea le pays pendant dix ans, avec pour souci constant l’indépendance et la grandeur de la France sur la scène internationale, notamment par le développement de la dissuasion nucléaire et le retrait de l’OTAN.
Malgré son prestige, la présidence de de Gaulle fut ébranlée par les événements de mai 1968. Les manifestations et les grèves massives, révélatrices d’une société en pleine mutation, mirent à l’épreuve son autorité et sa vision de la France. L’année suivante, en avril 1969, il est désavoué par le référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation. Fidèle à son style, il démissionne alors, mettant fin à sa carrière politique active et se retirant à Colombey-les-Deux-Églises, là où il passera ses derniers jours.
De Gaulle suscita admiration et opposition. Visionnaire pour certains, autoritaire pour d’autres, voire traité de dictateur par un de ses successeurs, il fut la cible de plusieurs attentats, notamment de l’OAS pendant la guerre d’Algérie. Mais sa ligne resta inchangée : servir la France avant tout, avec constance et rigueur. Aujourd’hui, cinquante-cinq ans après sa mort, le « mythe gaullien » demeure vivant. De nombreux courants politiques y compris certains de ceux qui lui furent très hostiles de son vivant se revendiquent désormais de son héritage, preuve de l’ampleur de sa stature historique.
Comme le souligne son ancien ministre, Edgar Pisani, dans son ouvrage Le Général indivis, paru en 1974 : « de Gaulle est un personnage « indivisible » de l’histoire française, admiré de tous sans se laisser enfermer dans un camp politique particulier.
Sous sa présidence, la France connut croissance économique et modernisation accélérée, tout en affirmant sa souveraineté nationale. L’héritage de de Gaulle reste celui d’une France fière, libre et forte. À Colombey-les-Deux-Églises, des milliers de Français se recueillent chaque année devant la tombe sobre du Général. La croix de Lorraine qui domine le village demeure un symbole de la France qu’il aimait : grande et libre.
Cinquante-cinq ans après sa disparition, Charles de Gaulle reste un homme d’État exceptionnel, un patriote absolu et un guide dont l’ombre plane toujours sur la République avec un léger parfum de nostalgie…