
Le Choc du futur ou le grand défi de l'IA.
Editorial du 11 février, Philippe DUPONT
EDITORIAL


Ce dimanche 9 février, à la veille du Sommet sur l'Intelligence Artificielle qui se tenait toute la semaine dans la Capitale Française, Emmanuel Macron était interviewé sur France 2 par Laurent Delahousse en compagnie de sa consœur Indienne, Palki Sharma Upadhyay, journaliste vedette de First Post…
Le Président de la République Française tente donc de revenir au-devant de la scène internationale, affaibli par les récents épisodes politiques franco-français en organisant ce sommet dans lequel plus d’une centaine de personnalités du monde entier vont participer, à commencer par le Premier Ministre Indien Modi qui co-préside le sommet avec lui et avec lequel il entretient d'excellentes relations autant diplomatiques que commerciales.
En amont dudit sommet, le Président a partagé une vidéo humoristique utilisant des techniques de "deepfake", où son visage était superposé à diverses célébrités, afin de sensibiliser aux enjeux de l'IA et de promouvoir l'événement, ce qui n’a toutefois pas été du goût de la journaliste indienne qui n’a pas trouvé ça « très drôle », vexant par ailleurs le locataire de l’Elysée, pourtant habitué à être raillé.
Mais, hormis cette anecdote croustillante, il est de plus en plus évident que l'Intelligence Artificielle s'invite toujours plus dans notre quotidien, inquiétant au passage une partie de la population qui craint un gigantesque « grand remplacement » cette fois-ci d’ordre technologique, tandis que d’autres alertent sur ses éventuels dangers, à l’instar du Mathématicien Cédric Villani qui souhaite que ce domaine ne soit plus réservé aux seuls initiés mais qu'ils soit sujet à des débats plus démocratiques, notant que l'organisation de ce somment peut en constituer l'opportunité ou encore le philosophe Luc Ferry qui pose la question de savoir si l’IA a la vocation d’être « complémentaire ou de substituer à l’humain ».
Cette grande « peur » de l’instant présent rappelle les précédents « chocs du futur » que furent naguère l’essor de l’automatisation industrielle, de l’informatisation de la société puis beaucoup plus récemment la « révolution numérique » qui a déjà tout chamboulé en moins d’une génération, faisant de nous des personnes "connectées" voire addicts pour certains....
Emmanuel Macron a annoncé que la France recevra 109 milliards d'euros d'investissements privés (provenant des Emirats Arabes Unis, d'Amérique du Nord mais de France également) dans le domaine de l'IA au cours des prochaines années , avec notamment la construction du plus grand Data Center du monde en France .
Le Chef de l'Etat se transforme de facto en "VRP de l'IA" , celui que ses adversaires qualifie d’adepte de transformer la France en « Start up Nation » a souligné l'importance pour la France et l'Europe de ne pas rester à la traîne par rapport aux États-Unis et à la Chine, en investissant massivement dans ce secteur stratégique, au risque dans le cas contraire de se retrouvé marginalisées.
Le Président a également mis en avant la nécessité de simplifier les procédures administratives pour accélérer le développement de projets liés à l'IA, s'inspirant de l'approche adoptée pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris. Il a également insisté sur le fait que cette accélération doit se faire sans renoncer aux valeurs européennes, telles que la protection des droits d'auteur et la préservation de la créativité humaine
Ces initiatives visent à positionner la France comme un leader européen voire mondial dans le domaine de l'IA, en soutenant que les quelques 800 start-ups françaises du secteur sont déjà performantes, à l'instar de Mistral, dirigé par le jeune entrepreneur Arthur Mensch, 32 ans qui a lancé le "Chat" un concurrent au fameux Chat GPT américain..
Ce premier sommet s'est achevé par la signature d'une charte en faveur d'une "IA éthique", ouverte et inclusive" ratifiée par 61 pays, dont la France et l'Inde mais également par la Chine mais sans les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Les co-signataires se sont aussi prononcés pour une coordination renforcée de la gouvernance de l’IA, nécessitant un « dialogue mondial » et ont appelé à éviter « une concentration du marché », afin que cette technologie soit plus accessible. Vaste programme mais qui constitue indéniablement les premiers pas sur un chemin sans limites pour affronter le le "choc du futur "....