LE BAL DES PRETENDANTS A L'ELYSEE

Entre Calculs , Mirage, et Ego.

BILLET

À mesure que la vie politique s’enlise dans la crise institutionnelle et la lassitude des Français, le bal des prétendants à l’Élysée reprend de plus belle. Dans les couloirs feutrés des partis comme sur les plateaux de télévision, chacun affûte ses armes, espérant incarner le recours ou l’alternative.

Ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron, Édouard Philippe cultive depuis 2020 une image de sérieux et de constance. À la tête de Horizons, il se veut le visage d’une droite « moderne » et « responsable », tout en prenant soin de garder ses distances avec le macronisme finissant....
Son atout : la stature d’homme d’État, l’expérience, et une certaine popularité dans l’opinion.
Son handicap jusqu'à présent : un positionnement flou, entre fidélité à Macron et désir d’autonomie. Philippe avançait prudemment, persuadé que le temps jouait pour lui, mais craignant de se retrouver prisonnier d’un système qu’il n’a jamais vraiment quitté, incitant à présent son ancien patron de quitter le pouvoir dans les plus brefs délais...

Marine Le Pen, malgré ses trois défaites présidentielles et sa lourde condamnation judiciaire, reste une figure centrale du paysage. Elle laisse son dauphin Jordan Bardella occuper le terrain médiatique, tout en préparant sa dernière campagne comme un couronnement annoncé.
Mais l’unité du RN n’est qu’apparente : entre la tentation de la banalisation et les tensions internes, le parti reste fragile. Bardella danse sur un fil — entre loyauté et ambition personnelle.

À gauche, le bal ressemble à un bal masqué : tout le monde parle d’unité, mais chacun rêve d’être le sauveur.
Jean-Luc Mélenchon, persuadé d’incarner « le peuple », ne cède rien, au risque d’épuiser son propre camp. Raphaël Glucksmann, lui, se présente comme le visage d’une gauche pro-européenne, cultivée et réformiste — mais peine à élargir sa base.
Olivier Faure, François Ruffin, Fabien Roussel, ou encore les écologistes de circonstance complètent cette valse d’egos et de divergences programmatiques.

Dans un registre marginal, le président de l’UPR, François Asselineau, se rêve en grand dissident du système, apôtre du Frexit et héraut d’une France souveraine. Toujours prompt à dénoncer « l’oligarchie euro-atlantiste », il continue à prêcher, mais dans le désert.
Ses discours fleuris et sa posture d’érudit ne masquent plus son isolement politique et sa difficulté à convaincre au-delà d’un cercle de fidèles. Asselineau, persuadé d’avoir raison contre tous, participe malgré tout à sa manière au bal des prétendants — mais comme un invité dont plus personne n’écoute vraiment la musique.

Emmanuel Macron, très affaibli, laisse un vide au Centre que certains rêvent de combler : Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Gabriel Attal — chacun joue sa partition, espérant que le chef se retire avant la fin du morceau.
Dans les marges, d’autres figures plus confidentielles — Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan, Philippe Poutou, François Bayrou — continuent à tourner dans la salle, espérant qu’un projecteur se pose sur eux un instant.

Le bal des prétendants, c’est celui d’une France qui cherche un cap. Derrière les discours et les sourires, se cache la même équation impossible : comment séduire un peuple désabusé, lassé des promesses et des postures ?
La République, fatiguée de ses danseurs d’un soir, attend peut-être un pas nouveau — ou un musicien encore inconnu.

Le Billet de Thibault File Etoupe

7 octobre 2025