Le 1er Mai, fais ce qu'il te plait...

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La France célèbre donc ce « 1er mai » comme la fête du « Travail » ou des « travailleurs » comme aiment à le rappeler les dirigeants syndicaux, perpétuant ainsi une tradition née de l’autre côté de l’Atlantique, un certain 1er mai 1886, lorsqu’à Chicago étaient organisées des actions collectives en faveur de la journée de travail de huit heures et qui porta ses fruits car un grand nombre de travailleurs obtinrent alors satisfaction.

A contrario, une forte minorité fut lésée et se mit en grève pour faire plier leur employeur, malheureusement les manifestations dégénérèrent et provoquèrent la mort de trois grévistes, suivie par l’explosion d’une bombe lancée par des militants anarchistes qui causa cette fois-ci la mort d’une quinzaine de policiers. La répression s’avèrera terrible et les auteurs des méfaits furent condamnés à de lourdes peines : prison à perpétuité pour certains voire à la peine capitale pour d’autres, malgré des preuves de culpabilité mal établies.

En souvenir de ces tragiques évenements, une « journée internationale des travailleurs » verra le jour à travers le monde dès 1890, à commencer par la France. D’ailleurs, l’année suivante, à Fourmies (Nord), un nouveau drame se produira, pour donner suite à l’affrontement entre la troupe armée et la foule pacifique qui fera plus de dix morts mais qui inscrira désormais dans le marbre cette « tradition du 1er mai » symbole de la lutte du monde ouvrier.

Curieusement, ce 1er mai est devenu également la fête de Saint Joseph Travailleur décrétée par le Pape Pie XII en 1955 qui tenait à célébrer ce bon charpentier de Nazareth, père nourricier de Jésus et époux de Marie le même jour que la fête laïque du travail et ainsi prouver que l’Eglise était bien aux services des travailleurs et non des puissants » (sic).

N'oublions pas que ce 1er mai rime avec muguet et ce, depuis ce jour du 1er mai 1560 où le roi de France Charles IX se vit offrir un brin de muguet, lors d’une de ses visites dans la Drôme, car il était d’usage à l’époque de proposer un tel présent afin de chasser la malédiction de l’hiver. Ce qui incita le monarque à créer la « Fête du muguet ». Sous la Révolution, l’églantine rouge se substitua au muguet.

Au fil du temps, notamment lors des premiers défilés du 1er mai « fête du Travail » en 1890, les manifestants arborèrent plutôt un triangle rouge à la boutonnière, symbolisant le travail, le sommeil et les loisirs avant de revenir au muguet au début du XXème siècle. Une « fête du Travail » chômée et qui sera exceptionnellement payée en 1920, un an après que le Parlement ait voté la journée de travail de 8 heures et quatorze ans après la création du « Ministère du Travail » sous l’égide de Clémenceau…

Le Régime de Vichy récupéra l’évènement en 1941 en désignant le 1er mai comme la « Fête du Travail et de la Concorde sociale » avec le dessein de rallier le monde ouvrier, opération d’ailleurs menée par un ancien Cégétiste rallié au Pétainisme. En outre, la Radio officielle de l’Etat Français aimait à rappeler que le 1er mai coïncidait avec la fête de Saint Philippe, prénom que portait le vieux Maréchal et qui sera ultérieurement célébré le 3 mai (je confirme, ndlr).

C’est en 1947 que le 1er mai deviendra un jour chômé et payé, se transformant en véritable « jour férié » en France et dans d’autres pays à travers le monde. En URSS, il sera synonyme de vaste « défilé » sur la Place Rouge, à tel point que les Américains, ont supprimé ce jour de leur calendrier, synonyme de « fête communiste » alors qu’ils en avaient été les pionniers dès 1886. !.

Des Communistes français qui continuent, malgré leur inexorable déclin à remplir les caisses du Parti grâce à la vente du muguet, comme au bon vieux de leur prospérité électorale, avec probablement un doux parfum de nostalgie. Ailleurs on continue d’organiser des « fête du Muguet » élisant leur Reine et ou encore des « tournois sportifs du muguet ».

Ainsi, au 1er mai, fais ce qu’il te plait, comme dit l’adage