La Mémoire Vive.

BILLET

Pour certains de nos contemporains, il y a trop de cérémonies mémorielles qui peuvent donner une impression de "saturation", surtout quand elles se succèdent rapidement. D’autres personnes estiment également que le devoir de mémoire doit laisser plus de place à l’action et aux leçons tirées pour le présent., craignant qu’à force de répétition, elles perdent leur force symbolique et deviennent routinières mais pour le plus grand nombre, elles restent essentielles car nous avons un indispensable devoir de mémoire....

Elles permettent d’honorer les victimes et de transmettre l’histoire aux nouvelles générations car le risque de l’oubli est toujours présent, surtout à une époque où les témoins directs disparaissent inexorablement, comme ce fut le cas pour la Seconde Guerre mondiale et de plus en ce qui concerne la Guerre d’Algérie dont les derniers témoins célébreront le 63ème anniversaire du cessez-le-feu, ce 19 mars 2025.

Ainsi, elles aident à entretenir une mémoire collective qui peut prévenir les erreurs du passé, même si certains évenements récents ont tendance à contrarier ce constat, notamment sur la résurgence de l’antisémitisme…Finalement, la question n’est peut-être pas de savoir s’il y en a "trop", mais plutôt comment les rendre pertinentes et vivantes pour qu’elles continuent d’avoir du sens.

Une d’entre elles peut répondre à cette question, : c’est la journée des victimes du Terrorisme qui est célébrée chaque 11 mars et qui reste malheureusement d’actualité. Elle permet de rendre hommage aux victimes des attentats terroristes, de souligner la souffrance des familles touchées, et de rappeler l'importance de la mémoire collective face à ces tragédies.

Une journée qui permet également de sensibiliser le public aux conséquences humaines du terrorisme et à affirmer la solidarité nationale avec les victimes. Au-delà des motivations de ses auteurs, le terrorisme illustre les dérives de l’humanité : haine, fanatisme, manipulation, perte totale d’empathie... Il témoigne aussi des fractures sociales, des conflits non résolus et des dérives idéologiques.

Depuis plus de 30 ans, la France et le monde auront été marqués par une série d’attentats terroristes, depuis notamment celui du RER A à Paris en 1995, des attentats du 11 septembre 2001, à New York,  en passant par ceux de Charlie Hebdo et du Bataclan en 2015, de Nice ou de Bruxelles, etc…Une liste lugubre mais ancrée dans toutes les mémoires. Sans oublier de nombreux attentats heureusement déjoués, d’actes isolés rapidement maîtrisés et bien sûr le courage, voir l’héroïsme de certains de nos contemporains pour tenter d’éradiquer les racines du mal.

On se souvient notamment du sacrifice d’Arnaud Beltrame dont l’ acte de bravoure a marqué la France. Lieutenant-colonel de gendarmerie, il a donné sa vie lors de l’attaque terroriste survenu dans un supermarché de Trèbes, dans l'Aude, le 23 mars 2018. Un terroriste, prend alors en otage plusieurs personnes dans ce magasin après avoir abattu froidement un employé. Pour sauver une otage, Arnaud Beltrame se propose d’échanger sa place avec elle. Il laisse son téléphone allumé, permettant ainsi aux forces de l’ordre d’entendre ce qui se passe à l’intérieur. Après plusieurs heures, le terroriste lui tire dessus et le poignarde. Grièvement blessé, Arnaud Beltrame succombe à ses blessures le lendemain.

Son geste a été unanimement salué comme un exemple de courage et de dévouement au service de la nation. Le président Emmanuel Macron lui a rendu un hommage national aux Invalides le 28 mars 2018. Il a été fait commandeur de la Légion d’Honneur, une distinction rare, et élevé au rang de Colonel à titre posthume. Plusieurs villes en France, dont sa ville natale Etampes, ainsi que le village voisin de Châlo Saint Mars où il avait passé son enfance, ont alors honoré sa mémoire en donnant son nom à une rue ou une place…. Son sacrifice rappelle le rôle crucial des gendarmes et policiers dans la protection des citoyens, souvent au péril de leur vie. Arnaud Beltrame est devenu une figure de l’héroïsme moderne en France, même si lui-même aurait probablement dit qu’il  ne faisait  que son devoir…