La Fête des Maires.

EDITORIAL

Philippe DUPONT

À l'approche des élections municipales de 2026, une enquête de l'Ifop révèle que 52 % des Français souhaitent la réélection de leur maire actuel. Ce taux, similaire à celui observé avant le scrutin de 2020, souligne une popularité stable des maires, bien que leur réélection ne soit pas garantie, seul le verdict des urnes le confirme véritablement. Les maires bénéficient donc d'une image positive, avec un taux de satisfaction atteignant 70 %, en hausse par rapport à 61 % en 2017. Ils sont perçus comme des figures de confiance, assurant les services publics du quotidien dans un contexte national instable.

Cependant, 55 % des maires en poste déclarent ne pas vouloir se représenter en 2026, invoquant des difficultés liées à l'inflation, à la crise énergétique et à une charge de travail accrue En somme, bien qu’ils restent les élus les plus appréciés des Français, leur réélection en 2026 dépendra de divers facteurs, notamment politiques et contextuels. Au fil du temps, la fonction de maire s’est considérablement étoffée mais surtout professionnalisée. Elle est souvent qualifiée de rude ou d’ingrat car notre édile cumule de nombreuses responsabilités, pressions et défis, malgré la reconnaissance locale dont bénéficient les élus municipaux. Il est évident qu’être maire de nos jours, c’est supporter une charge de travail intense et polyvalente.

Le maire est à la fois chef de l’exécutif local, officier d’état civil, représentant de l’État, employeur public, gestionnaire de crise, et médiateur de proximité. Dans les petites communes, souvent sans équipe administrative structurée, il doit gérer lui-même l’essentiel : routes, écoles, permis de construire, sécurité, fêtes locales…Et surtout, il doit être disponible 7 jours sur 7 et souvent sans horaires fixes. Ici pas de 35 heures, ni de congés à rallonge ou alors à la portion congrue.. En outre, dans les communes rurales, il doit cumuler les fonctions de gestionnaire, de médiateur, d’animateur social et parfois même d’agent technique…

L'État délègue de plus en plus de responsabilités sans toujours accorder les moyens financiers correspondants : c’est la « décentralisation sans compensation ». Les maires se plaignent régulièrement d’une bureaucratie lourde et d’un enchaînement de normes complexes à respecter. Comme chacun sait (ou presque), le maire est souvent le premier point de contact pour les citoyens mécontents. On peut déclarer que les incivilités, menaces, voire agressions physiques ou verbales envers les élus locaux sont en hausse. Selon une enquête de l’AMF (Association des Maires de France), un nombre croissant de maires renoncent à se représenter pour ces raisons.

La fonction sans être bénévole reste faiblement rémunérée dans les petites communes, beaucoup plus conséquente dans les plus grandes communes mais dans tous les cas de figure, elle reste chronophage et implique une forte implication émotionnelle et familiale, parfois au détriment de la vie personnelle. Malgré tout, pourquoi un grand nombre de maires restent-ils engagés et ne cèdent pas au découragement même en déplorant le fait qu’on leur demande d’en faire toujours plus mais avec toujours moins de moyens ?

Probablement par sens du devoir, à l’attachement au territoire ou tout simplement à la passion pour le service public.

A contrario d’autres mandats (conseillers départementaux ou parlementaires surtout depuis que ces derniers ne peuvent plus cumuler le poste de député ou sénateur-maire), ils restent les élus les plus proches et les plus populaires, grâce à ce lien permanent avec les habitants et que transformer le quotidien local peut être valorisant malgré les obstacles.

Le métier de maire est un engagement total, souvent solitaire et éprouvant, mais aussi porté par le sens de l’action publique. Si de nombreux maires s’interrogent sur leur avenir, tous soulignent l’importance de revaloriser la fonction pour assurer la vitalité démocratique locale. On ne peut que souscrire à leur volonté de mener un tel combat…