Ceux de 14

Le devoir de mémoire pour une génération traumatisée.

EDITORIAL

par Philippe DUPONT

Avec la fuite inexorable du temps, une question cruciale s'impose:  faut-il  encore maintenir la cérémonie du 11 novembre 1918 ?. La réponse est oui car même s'il n'y a plus temoins (le dernier "Poilu" Lazare Ponticelli s'est éteint en 2008), il y a bien une mémoire à faire vivre. Hier, au cours du 107 ème anniversaire de l'Armistice qui marqua la fin de la "Grande Guerre", la France a donc rendu hommage à ceux qui ont combattu et qui sont morts pour la patrie, comme on dit.

C'est vrai, la plupart des associations d'anciens combattants qui animent ces cérémonies sont issues de la "Guerre d'Algérie" (1954-1962), hier des "petits soldats" de 20 ans, partis combattre de l'autre côté de la Méditerranée, aujourd'hu des quasi-nonagénaires  dont on ignore à qui il passeront le "flambeau" avant de disparaitre eux-mêmes...

Restons optimiste quand on a pu le constater hier, au vu d'une affluence record autour de certains monuments aux morts. Une cérémonie qui conserve tout son sens car elle symbolise la reconnaissance d'un peuple envers une génération "perdue" et le devoir de mémoire qui nous unit encore aujourd'hui. 

La guerre de 1914-1918 a été une tragédie humaine sans précédent. Des millions de jeunes hommes ont été envoyés dans les tranchées, confrontés à la peur, à la boue, aux obus et à la mort. Beaucoup ne sont jamais revenus. Ceux qui ont survécu portaient à jamais les marques physiques et morales de cet enfer.


Derrière chaque nom gravé sur les monuments aux morts se cache une famille brisée, un village endeuillé, une jeunesse détruite. C’est cette génération sacrifiée que le 11 novembre continue d’honorer.

Même sans témoins directs, la mémoire de la guerre reste ainsi vivante grâce à l’implication des jeunes. Dans de nombreuses communes, les élèves, les associations d’anciens combattants et les conseils municipaux de jeunes participent aux cérémonies. Leur présence donne un nouveau souffle à cet hommage.
Quand les enfants déposent une gerbe, lisent un texte ou chantent la Marseillaise, ils saluent le courage de leurs aînés et comprennent mieux ce que signifie le mot sacrifice. Ces gestes simples garantissent que la flamme du souvenir ne s’éteindra pas.

Le 11 novembre n’est pas seulement un regard vers le passé, c’est aussi une leçon pour l’avenir. En rappelant les horreurs de la guerre et pas uniquement celle-ci puisque généralement on y rappelle à l'occasion les autres conflits meurtriers qu'a connu la France durant les cent dernières années, mettant en excergue que cette journée nous invite à défendre la paix, la solidarité et le respect entre les peuples.

Maintenir la cérémonie du 11 novembre, c’est honorer une génération alors sacrifiée mais aussi permettre aux jeunes de devenir les gardiens de la mémoire. Grâce à leur participation, l’hommage aux anciens prend tout son sens : le souvenir se transmet, et le message de paix continue de vivre malgré les nombreuses incertitudes de l'Histoire contemporaine...