Cent jours à la Maison-Blanche.

Bonjour les dégâts !

EDITORIALINTERNATIONAL.

Philippe DUPONT.

Cent jours à peine. « Let’s tweet again ! « Cent jours de tweets en lettres capitales, de décisions fracassantes, de conférences de presse surréalistes, et déjà, l’Amérique ne sait plus si elle vit une comédie dystopique ou un cauchemar éveillé. Donald J. Trump est bel et bien de retour à la Maison Blanche, et le monde découvre que le « encore quatre ans » était peut-être un vœu mal formulé.

Pas un seul jour où le « revenant » déchu de 2017 et un brin revanchard ne fasse parler de lui, s’affirmant comme le roi du Buzz et s’imposant toujours plus comme un bon client pour les médias d’info en continu qui relatent ses actions quotidiennes. Avec lui, on ne s’ennuie pas une seule seconde, car étant capable d’affirmer une chose et son contraire dans la même journée….

Quatre ans après avoir rechaussé ses pantoufles dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, Donald le reconquérant a donc remis en route sa rhétorique populiste, son défi face à l'establishment politique, et ses promesses de redynamiser l'économie américaine tout se proclamant comme chantre de la paix face à un monde belliqueux comme il l’avait promis durant sa campagne.

L'une de ses premières initiatives a été de renforcer les mesures de sécurité intérieure, en insistant sur une politique d'immigration stricte et en poursuivant les politiques protectionnistes pour protéger l'industrie américaine. De plus, il a décidé de s'attaquer directement à la question de l'inflation et de la dette publique, des enjeux clés pour ses électeurs. En bon Stakhanoviste, le golfeur de Mar a Lago n’a pas perdu une seconde pour signer des décrets à la chaîne, annulant quasiment tout ce qui avait été mis en place sous son prédécesseur Joe Biden.

Quid du Plan climat ? Rayé. Aide fédérale aux énergies renouvelables ? Finie. Financement de l'éducation supérieure et de la recherche scientifique ? : proposition de réductions budgétaires massives avec des coupes drastiques  dans les agences gouvernementales,  suscitant de vives inquiétudes dans le monde universitaire et scientifique.

Soutien à l’Ukraine ? On a pu constater sa façon d’humilier face aux caméras de télévision du monde entier ce malheureux Zelensky, accusé en outre d’être un ingrat et qu’il était temps de mettre un terme très rapidement au conflit Russo-Ukrainien, comme l’ex-candidat Républicain l’avait préconisé lors de la Campagne, misant sur un délai de 24 heures tout en reconnaissant par la suite que cela serait un peu plus compliqué surtout à cause de son vieux copain Vladimir le Fourbe, dont il vient de s'apercevoir qu'il le menait en bateau…

Le locataire de la Maison Blanche qui se vante de ne lire aucun livre ni le moindre journal aurait toutefois feuilleté « la Diplomatie pour les Nuls », rêvant d’annexer son voisin Canadien et de récupérer le Danemark au nez et à la barbe des Danois quoiqu’il en coûte….En un trimestre, le roi de la Téléréalité, à force de chambouler tous les fondamentaux qui constituaient l’ordre géostratégique mondiale depuis 1945 a réussi à injecter une bonne dose anti-américanisme même chez les plus fidèles alliés du Nouveau-Continent.

L’OTAN ? « ce machin Obsolète », comme en 2016 », a-t-il rappelé, avant de menacer de facturer les pays membres pour « service de protection armée ».Au pays de l’Oncle Sam, Trump n’a jamais caché son envie de « nettoyer le « foutoir administratif » qui plombe le pays selon lui, mais cette fois, ce sont les juges, les procureurs et les hauts fonctionnaires qui trinquent également.

Des purges administratives ont commencé. Il a sans vergogne gracier lui-même ses anciens partisans condamnés. Certains parlent de dérive autoritaire. Lui préfère « rétablir la vraie justice ». Curieusement, l’Oncle Donald qui d’habitude n’écoute personne s’est entouré de Castors Juniors, a commencer par son Vice-Président, un peu plus intello que lui (ce qui n’est pas trop compliqué), le très puritain JD Vance qui rompt avec l’image traditionnelle et effacée du vice-président qui se contente d’habitude d’inaugurer les chrysanthèmes et qui est le digne héritier de son père politique qu'il rêve en cachette de remplacer en 2029.

Sans oublier la présence du très médiatique Elon Musk, patron de Tesla et d’autres entreprises innovantes dont la mission (avant celle d’envoyer des terriens sur Mars dans un avenir proche) est de redéfinir le développement technologique et économique des Etats-Unis Ensemble, ils ont lancé plusieurs initiatives visant à promouvoir l'innovation, notamment dans les secteurs de l'intelligence artificielle, de la technologie spatiale, et de la transition énergétique mais comme on le sait les excentricités et gestes tendancieux de l’ex-Afrikaner ont mis à mal son business et fait fondre une partie de sa colossale fortune…

On ne reviendra pas sur les quelques autres « allumés » qui composent l’Equipe présidentielle. Si Trump inquiète une grande partie de la Planète, y compris certains dirigeants qui avaient accueilli avec joie son élection, il bénéficie encore d’une bonne popularité de la part de son électorat, même si quelques premiers signes de décrochage, y compris chez les Républicains ont été constatés…

Il est clair que les Etats-Unis sont divisés plus que jamais, certains mouvements protestataires dénonçant cette « dérive populiste autoritaire » mais qui se voient rembarrer par Trump qui les taxent de « perdants et de pleurnichards » « Mon Amérique est de retour. Deal with it ! ».Après 100 jours de Trump 2.0, l’Amérique ressemble à un décor de série politique où l’improbable est devenu routine. Les partisans applaudissent, les adversaires s’affolent, et le reste du monde observe avec une inquiétude mêlée de fascination. ""


Une chose est sûre : si les cent premiers jours sont un avant-goût, les 1360 suivants s’annoncent rock'n’roll. Un show frénétique aux yeux du monde. Comme disait notre Audiard national: "Les C... ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait".